Je ne tenterai même pas de rivaliser avec le titre du livre
En fin de bouquin, Bukowski déclare que les écrivains devraient s'inspirer de la boxe. Et l’analogie est bien trouvée.
Dans ce journal intime, on sent que bientôt celui qui boxait avec les mots à en mettre ses rivaux K.O. en deux trois coups bien portés ne tardera pas à raccrocher les gants. Et il le sait, bien plus que quiconque. La faucheuse est présente tout le long de ce récit qui n'en devient pourtant pas triste ou austère, c'est Bukowski alors on continue de se marrer quand même, comme lorsqu'il répond à un gamin lui demandant s'il est bien Charles Bukowski l'écrivain "Non, j'm'appelle Charles Darwin". Quel vieux con.
C'est ça que j'aime chez lui. Il ne fait pas de la lèche à son lecteur, ne cherche pas à le caresser dans le sens du poil et je suis bien sûre que si vous aviez eu l'occasion de le croiser et de lui demander un autographe, vous l'auriez royalement emmerdé. A moins de lui payer quelques coups, là... J'dis pas.
Et je le comprends. Très réaliste (ou pessimiste, cela dépend des points de vue) sur l'espèce humaine en général, il ne la côtoie que pour se confirmer encore et toujours la mauvaise opinion qu'il a d'elle. Il n'est jamais aussi bien que seul, avec sa musique classique, un cigare, un verre, couchant sur papier les mots, les phrases qui ne cessent de se bousculer au portillon. On rencontre si peu de gens qui valent le coup.
Il nous parle de tout, de ses marottes : courses hippiques, littératures, musique, des gens et surtout, de lui. De ses ongles de pieds, de ses 9 chats et de sa femme, Linda. De la mort. Il n'est pas pressé de la voir toquer à sa porte mais à 70 ans passé il sait qu'elle ne tardera pas à l'emmener avec lui, et à défaut de pouvoir y changer quoi que ce soit, s'en accommode. L'accepte.
C'est un livre à livre si l'on connait déjà l'oeuvre de Charles Bukowski. Sans connaître le bonhomme, cela peut être déroutant ou peu captivant. Bien que les solitaires de tout bord puissent apprécier un auteur qui partage leur point de vue.
Et comme prévu, le boxeur des mots termine sur un uppercut foudroyant.
Humain, franc, entier, un peu poivrot, un peu givré.
Bukowski, encore. Une dernière fois.