Du potentiel mais il manque quelque chose

J'ai trouvé ce résumé plutôt intriguant, j'avais envie d'en savoir plus.

Lorsque j'ai reçu le livre, je dois dire que j'ai trouvé la couverture et le papier de très bonne facture. Il s'agit donc d'un ouvrage agréable à prendre en main. Néanmoins si j'avais été confrontée à ce livre dans une librairie je ne l'aurai pas spontanément acheté, et ce à cause de la couverture qui est pas franchement belle, ni très 'sexy' comme on dirait dans le milieu du graphisme. Mais la quatrième de couverture m'aurait tout de même intriguée.

Pour en venir à l'histoire, l'idée de départ est pas mal : Un quotidien qui se trouve totalement bouleversé par un mystérieux chant, une expérience scientifique qui a dérapé, et qui a ouvert une brèche vers des univers parallèles, des univers de possibles et de futurs au coeur des quels les personnes piégées perdent la notion du temps. Je vais bien sûr ne pas tout dévoiler de l'intrigue, ne vous inquiétez pas.
C'est vraiment le genre de science-fiction à tendance poétique qui me plaît, mais il me reste un goût d'inachevé dans la bouche après lecture de cet ouvrage. On a du mal à s'attacher aux personnages, à partager leurs souffrances. Les personnages auraient mérité un traitement plus en profondeur pour qu'on se laisse complètement embarquer par l'histoire. Je pense notamment à Léo, qui est décrit uniquement comme un brillant PDG/homme d'affaire qui n'aime pas perdre son temps. Il a une fille qu'il élève seul depuis la mort de sa femme, mais tout au long du livre on ne voit aucune relation forte entre le père et la fille. En fait ce qui m'a surtout gênée c'est vraiment le manque de 'background' aux différents personnages, nous avons que très peu de description des sentiments, des sensations, de leur passé, etc...

A priori, je suis une personne aimant beaucoup les histoires traitant des anges. Au fur et à mesure de ma lecture, vu la tournure de l'histoire je me suis dis qu'on ne verra pas d'ange, et puis que viendraient-ils faire là ? Mais au final il se trouve que le récit est doté d'un ange : Lucien. Mais ce personnage est tellement peu exploité qu'on ne sait pas trop ce qu'il fait là. Mis à part qu'il se trouve être l'ange gardien de Juliette (la fille de Léo). Mais on ne sait pas qui sont ces anges gardiens, etc... Le 'background' de ce personnage est quasi nul. Il semble juste être là pour résoudre l'histoire à la fin l'air de rien, mais sans savoir comment ni pourquoi. (d'ailleurs sa décision et ses motivations restent plutôt floues et vagues)
Je reste donc d'autant plus sur ma faim à cause de l'exploitation superficielle de ce personnage. Soit on exploite à fond un personnage soit on ne le créé pas, surtout s'il doit apporter des clés et solutions à la fin de l'histoire.

Je ne doute pas que M. Chevallier voulait créer un univers poétique, on arrive à voir poindre cet univers, mais si on n'arrive pas à s'attacher aux personnages principaux, si on ne prend pas le temps de les connaître, il est difficile pour un lecteur d'être touché par la poésie. En somme, ce roman est vraiment trop court, et aurait peut être mérité à être un peu plus long, ou tout du moins prendre le temps de s'attarder sur les personnages, ce qui aurait permis à l'intrigue de décoller.

Concernant l'écriture, pour un premier roman c'est pas mal, même si l'écriture semble trop 'simpliste', peut être un aspect trop parlé qui a pu me gêner à certains moments. Tant qu'on y est je tiens à signaler que le roman possède quelques coquilles qui ont un peu freiné ma lecture, notamment des coquilles sur le nom d'un personnage principal, l'ouvrage aurait-il manqué de relecture auprès d'un correcteur ? A un endroit Léo Landau se nomme : « Léo Ladau », et 3 fois il se nomme « Léo Laudau ». Ce qui m'a perturbée, au point de ne plus savoir quel était le vrai nom. Il y a eu aussi « telle un bulle dans le ciel » qui m'a faite tiquer. Je pense que d'autres coquilles m'ont peut-être échappées, mais je n'ai relevé que celles qui m'ont sauté aux yeux et ont fait buter ma lecture sur le coup. Je suis consciente que même dans les très grandes maisons d'éditions il y a aussi des ouvrages avec des coquilles (d'ailleurs le plus souvent ce sont les grandes maisons d'édition qui sont le moins attentives à ces détails), mais pour moi se tromper dans le nom d'un personnage est une erreur plutôt grosse et visible, surtout si cela se répète plusieurs fois dans l'ouvrage.

Pour continuer sur l'écriture, les chapitres sont très courts et parfois entrecoupés par des articles de blog de l'un des personnages. Je trouve cette initiative plutôt originale, mais qui peut parfois dérouter le lecteur qui se trouve couper trop rapidement dans sa lecture. Par moment je trouve que le découpage des chapitres est tout de même très bien vu, apportant une dose de suspens, mais à force d'être répété sans cesse et de manière systématique, cela finit par apporter une certaine monotonie, une répétitivité qui au final, nous fait perdre l'effet attendu et espéré.

Autres petites déceptions : quelques clichés sont présents, certains à la limite même de la caricature. Autant 1 ou 2 clichés ça ne me dérange pas tant que ça, mais dès qu'ils se font plus nombreux ils sont plus visibles. A titre d'exemple : la mort d'un personnage juste au moment où il doit faire une révélation, ou encore le héros (Léo) qui sait démarrer avec une facilité déconcertante les voitures à l'aide des fils.
Les fans de SF et de fantastiques seront aussi plutôt déçus, on est loin d'un roman de Marion Zimmer Bradley. Bref, ne vous attendez pas à lire de la réelle SF.

Certains se demanderont s'il y a au moins des points positifs. Oui il y a du positif dans ce premier roman de Folco Chevallier, sinon je ne l'aurais pas lu en entier et aussi rapidement.
Le Chant des Anges, loin d'être un mauvais roman saura faire rêver un bref instant certaines personnes qui seront plus touchées que moi.
Dans tous les cas je pense que cet auteur a du potentiel, s'il a réussi à me faire tenir jusqu'au bout pour que je connaisse le dénouement de cette histoire, c'est qu'il y a un petit quelque chose, une force créatrice qui ne demande qu'à se développer.
De plus, même si je n'ai pas été touchée par les personnages, ni par le style de l'auteur, j'ai été touchée par les thèmes abordés dans son oeuvre. Les questions métaphysiques distillées au cours du récit (et surtout dans les parties 'blog' qui entrecoupaient les chapitres) m'ont fait extrêmement plaisir, m'ont faite réfléchir aussi. Car les questions sur le temps, les possibles et la perception de la réalité sont des thèmes qui me tiennent à coeur. Certes ont est loin des questions métaphysiques et philosophiques soulevées dans les romans d'Haruki Murakami, mais je trouve cela très encourageant sur le devenir de cet auteur, et sur l'avenir de la jeune littérature francophone.
Je suivrais donc avec intérêt les futures sorties de M. Chevallier. Car avec le temps, un auteur ne peut que grandir, et sa créativité ne demande qu'à fleurir sous sa plume.
Alexiel
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le 26 sept. 2010

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