Quelques pages avant la fin, présentée comme tirée du numéro annuel de Judson and Judson, marchands de biens internationaux, cette annonce fait envie tout en ironisant à propos de l’intrigue de ce roman (1968) de Thomas McGuane, auteur assez typique du grand ouest américain :


« Club de chasse et de pêche pour gentlemen ! Le plus grand domaine privé du Nord Michigan ! Vingt-neuf mille acres de première et seconde souches, et d’innombrables miles de méandres à truites sur la rivière Père Marquette et ses deux rives ! Admirez les chevreuils, les ours, les castors, les oiseaux ! La construction d’un barrage permettrait de recréer un petit bassin ! Stocks considérables de bois débité à la main et de matériel pour toiture ! Plusieurs bâtiments pourraient accueillir conventions et conférences. Possibilités séduisantes de subdivisions dans ce paradis aquatique et boisé miraculeux et idéal pour vacances. Développements prometteurs de cette région pour les sports de plein air dans cadre cinq étoiles et fermettes de vacances. Accès direct par la route 76 et aéroport tout proche capable d’accueillir jusqu’à des bimoteurs. Prix et brochure sur demande. Référence « Club de chasse avec Glorieux passé », lot n°1980 »


L’annonce en dit beaucoup sur le lieu, et propose quelques sous-entendus sur ses propriétaires et sur les événements qui s’y sont produits. Elle répond à une annonce proposée dès le début du roman (248 pages).


Le narrateur, James Quinn, arrive au club avec l’idée d’un séjour de loisirs reposants. Néanmoins, il se doute bien qu’il va y retrouver Vernor Stanton, une vieille connaissance avec qui il a fait les 400 coups au temps de leur splendeur. Effectivement, Stanton est déjà sur place avec sa compagne Janey qu’il traite avec beaucoup de hauteur. Caractère fort, Stanton se comporte en adolescent capricieux, même si ses caprices sont désormais ceux d’un adulte, riche héritier. En tant que copropriétaire du club, il emploie Olson le gérant du club, quelqu’un dont il supporte mal l’aisance avec le milieu naturel qu’il surveille à longueur d’année.


A force de caprices, provocations et difficiles confrontations de caractères impossibles, la situation dans le club va dégénérer, jusqu’à devenir explosive. Olson va être remplacé par Earl Olive, un homme dont le passé aurait dû inciter à la méfiance.


Un roman en 3 parties, avec présentation, tension et explosion. Beaucoup de péripéties, anecdotes, souvent du fait de Stanton l’éternel rebelle. Cela donne une narration souvent déconcertante et par moments décousue, avec quelques passages du coq à l’âne. McGuane fait bien sentir l’atmosphère du club (lien avec la nature) et les caractères de ses personnages principaux. Les autres membres du club, bien que cités, restent franchement en retrait. A force de s’intéresser à des anecdotes, la narration perd un peu de son impact, alors qu’elle dégage pas mal de situations explosives.


Il s’agit du premier roman de Thomas McGuane. Malgré quelques faiblesses, il mérite la découverte. Sans avoir l’air d’y toucher, l’auteur affiche son pessimisme sur la nature humaine et sur ses capacités à organiser quelque chose de durablement agréable (justifiant au passage l’aspect décousu de sa prose). Exemple typique avec Vernor Stanton qui pourrait jouir de ce club en toute tranquillité, mais qui s’entête à provoquer les uns et les autres. Il faut dire que les autres ne savent jamais comment s’y prendre avec lui. Ainsi le narrateur qui jure régulièrement qu’il ne veut plus rien avoir à faire avec lui, mais qui traine toujours dans son cercle.

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le 5 juil. 2017

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