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Un très mauvais roman policier ! Chronique Michel BLAISE


Le progrès fait rage et le futur ne manque pas d'avenir



Ainsi, Philippe MEYER concluait naguère ses chroniques matinales sur France Inter. Ce roman, "le cri des corbeaux" ne l'a pas démenti...


Julie et Théo, jeunes trentenaires du nord de la France, sont les heureux gagnants, suite à un concours sur internet, d'un séjour en amoureux de quelques jours dans une villa, située à un endroit inconnu, près du "lac des corbeaux". Ils sont conduits, à bord d'une luxueuse voiture, vers une destination inconnue. Arrivés à destination, le conducteur, énigmatique et taiseux, leur remet les clefs de la maison, puis quitte promptement les lieux. Julie et Théo jouissent rapidement du luxe à leur disposition : installation dans l'une des deux chambres rutilantes, jogging pour Théo dans l'immense parc de la propriété, bain dans le jacuzzi, préparation d'un délicieux repas pour le dîner…


Rapidement, ils sont surpris par l'arrivée d'un couple parisien, Agathe et Simon, lauréats du même concours. Tous pensent à une erreur et, espérant pouvoir joindre les organisateurs afin de comprendre, mais seulement le lendemain faute de réseau téléphonique. En attendant, ils conviennent de partager, bon an mal an, le repas, la soirée et la nuit au sein de la villa.
Le séjour des quatre occupants prend immédiatement une exposition et un rythme effroyables et angoissants : pannes d'électricité à répétition, chutes de neige abondantes, rupture des mécanismes d'ouverture de toutes les issues de la propriété… en même temps, c'est le temps d'une première disparition : Agathe demeure introuvable. Sera-t-elle la seule à "s'évaporer" mystérieusement ?...


"Le cri des corbeaux" est le premier roman publié, en 2019, par Mattieu PACAROLI aux éditions Jean-Claude Lattès/Le masque. Il est également l'auteur d'une nouvelle - "Polenta" - récompensée par l'attribution de la deuxième place du "prix "E-crire Aufeminin" 2016".


Les romans policiers – au sens générique – ne sont pas une sous-catégorie de la Littérature. Il est donc regrettable d'observer que certains, parmi eux, méprisent les règles les plus élémentaires de la syntaxe et de l'orthographe et sont élaborés au moyen de mots, de formules et de phrases très approximatifs qui expriment des idées du même ordre. Le roman de Matthieu Parcaroli est de ceux-là : une fiction mal rédigée dont l'écriture est très imprécise, élaborée au moyen de dialogues niais et immatures. Plus de la moitié du livre, après des dizaines de pages et de descriptions simplistes et maladroites, est structuré essentiellement autour de dialogues sans intérêt, souvent ridicules :




  • Une box. Tu sais, ce truc pour avoir internet ? En théorie, ça devrait être pas loin de la télé…" ; "Je n'arrive même pas à trouver
    une prise téléphonique. C'est dingue !"; "Y'a de quoi passer de bonne
    soirée
    … (P. 41,42),


  • Lorsque l'on souhaite que, chaque fois que l'on fait l'amour à l'autre, ce soit un véritable feu d'artifice, une symbiose totale ou
    l'on puisse s'abandonner sans aucune retenue. Des moments où l'on
    pense uniquement à l'autre et jamais à soi…
    (P. 102)


  • Si j'avais su qu'il y aurait eu du feu, j'aurais apporté des saucisses (P. 142),


  • Malgré ses bonnes résolutions" (sic), il avait souhaité très fort qu'il glisse dans l'escalier…(P56, 57),


  • C'est limite dangereux : imagine, on fait un malaise ou on se blesse... (pour évoquer l'absence de téléphone portable), (P 58),


  • La maison était tellement vide qu'un écho s'y était installé… (P 91),


  • Ils étaient fins prêts pour partir à la recherche de leur(s) (sic) moitié(s)" (sic) (P. 127),


  • Sois rassurée…ce n'est pas une proposition indécente…et de toute façon, je n'ai pas pris de capotes (P.143)




etc…


Le récit ne maîtrise pas la langue française, son texte est pauvre, son écriture négligée.


Il ne suffit pas d'inventer une idée pour réussir un roman, y compris un roman policier. Victor HUGO a écrit "la forme, c'est le fond qui remonte à la surface". Cette maxime s'accorde idéalement avec le roman " le cri des corbeaux". L'intrigue imaginée par l'auteur, nonobstant les avis lus ici et là, est "facile", sans prétention et démagogique au plan littéraire. Elle ne défie pas l'imagination et l'intelligence qui sied à tout récit policier ou thriller digne de ce nom. Elle est une injure à ce genre de Littérature et, plus particulièrement, à celui du "whodunit" (1) – certaines critiques ont comparé le "cri du corbeau" au roman d'Agatha CHRISTIE, dix petits nègres - excusez du peu" !


Pour conclure, "le cri des corbeaux" est un très mauvais roman.


Michel.


Voir et suivre mon blog : Fureur De Lire (F-D-L)


Notes


1) Le whodunit est devenu synonyme du roman d'énigme classique du début du XXe siècle, appelé aussi roman problème ou roman jeu. Ce roman de détection est une forme complexe du roman policier dans laquelle la structure de l’énigme et sa résolution sont les facteurs prédominants. Au cours du récit, des indices sont fournis au lecteur qui est invité à déduire l’identité du criminel avant que la solution ne soit révélée dans les dernières pages. L’enquête est fréquemment menée par un détective amateur plus ou moins excentrique, par un détective semi-professionnel, voire par un inspecteur de la police officielle.
Le roman de type « mystère en chambre close » est une forme particulière de « whodunit » et renvoie à une énigme où la victime aurait été tuée ou agressée dans un local apparemment étanche dont le coupable se serait échappé de façon irrationnelle.
En principe, le lecteur doit disposer des mêmes indices que l'enquêteur et donc des mêmes chances que lui de résoudre l'énigme, l'intérêt principal de ce genre de romans étant de pouvoir y parvenir avant le héros de l'histoire. (Source Wikipédia).

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le 7 nov. 2019

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Michel BLAISE

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