Ilya Petchonkine, fils de l'oligarque Vladimir Ivanovitch Petchonkine, revient en Russie dans sa ville natale, Pridonsk, après six ans d'études dans une école huppée de Suisse.
Comment Vladimir Petchonkine, autodidacte grossier, qui n'écoute personne, et qui a réussi à mettre la main sur tout Pridonsk, a-t-il pu engendrer un tel fils, qui rêve de rétablir le communisme dans un pays qui n'a plus d'idéologie ?

«Je dois te dire quelque chose, tu vas être triste mais je te le dirai quand même, commença Vladimir Ivanovitch d'une voix vigoureuse et décidée. Ici, il n'y a ni communistes, ni démocrates ! Au Kremlin, quand on m'a décerné le prix du «chevalier du business russe», tu sais ce que je leur ai dit : «On n'est ni blanc ni rouge, on est de Pridonsk !» Cinq minutes d'applaudissements, d'ovations même !»

Totalement burlesque au départ, depuis la Rolls Royce rose et les gardes du corps qui attendent Ilya à l'aéroport, la conversation des parents assis sur un banc étroit qui regardent leur fils dormir comme s'il n'avait que quelques mois, la fierté du père Petchonkine pour les connaissances en latin de son fils, «Le dernier communiste» prend ensuite une tournure plus pathétique.

A la suite de ce que le fils va oser pour renverser le pouvoir de son père et rétablir le communisme, les proches et les hommes de main de l'oligarque vont faire leur coming-out, et tout va s'effondrer comme un château de cartes.

«Il est ... terrible ! continua Pribylovski d'une voix à peine audible. Il porte sous sa veste un Beretta à vingt coups, mange du poisson avec les mains et les essuie sur le tapis, sur lequel il s'allonge pendant les repas.»

Ponctué de références aux classiques de la littérature russe, «Le dernier communiste» prolonge cette idée qu'il y a un don des auteurs russes pour déranger et attirer, pour l'invention et pour dire de façon indirecte, par le loufoque et l'absurde.
MarianneL
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le 29 févr. 2012

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