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Me voilà bien emmerdé : pas loin de quatre cent cinquante pages d’une écriture qui commence par intéresser puis qui lasse, à mesure que le propos se fait redondant, que les voix des six narrateurs du roman s’emmêlent en un sac de nœuds au lieu de constituer un véritable tissu, que la langue prétendument iconoclaste du Dernier Contingent se met parfois à ressembler à du Michel Audiard – « Je vais t’émanciper la comprenette » (p. 170)…
À un moment, je me suis dit que le Dernier Contingent ne se terminerait pas, ou par un truc tellement artificiel que ça en deviendrait vexant pour le lecteur, ou se finirait par l’équivalent littéraire d’un rot échappé à la fin d’un repas de famille par l’oncle ventru qui dirait – J’ai trop bouffé, moi. Le récit, tout ambitieux qu’il soit, menaçait de tourner à l’exercice de style, comme si un passage tel que « Dégueulasse. Comme du vomi à la guimauve. Y’a pas photo, les architectes faut que ça rende le monde triste. Ça peut pas s’empêcher. Ou cher » (p. 53) pouvait vraiment être fidèle aux six (grands) adolescent paumés qui en sont les héros – la mention « Prix France Culture / Télérama » sur la couverture valant certificat de tourisme social, avec le mépris de classe que l’expression implique.
Et puis la mayonnaise prend d’un coup, vers la page 420. Le style n’a pourtant guère changé. Mais c’est furieux, presque aussi furieux que le match de basket dans le Seigneur des porcheries. Tout ce que les quatre premiers cinquièmes du récit avaient d’artificiel – à commencer par la temporalité – éclate ; ça reste artificiel, mais ça éclate. Comme si ce récit d’un combat, à la fois bien plus épique que la manifestation qui dégénère à la moitié du récit, et plus picaresque que les aventures hospitalières des (anti-)héros, avec notamment ses résurgences bibliques insoupçonnées, justifiait tout le roman. Pas faisait passer la pilule, non : justifiait.

Alcofribas
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le 5 juin 2020

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Alcofribas

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