Il est impressionnant de constater à quel point King est, dès ses premiers écrits, un conteur hors pair qui va embringuer son lecteur en quelques phrases et lui faire accepter un univers en quelques pages.
C'est d'autant plus bluffant avec "Le fléau", où le récit est éclaté en plusieurs endroits, et une multitude de personnages, dont certains ne vont pas faire long feu. La façon dont il assemble les gens, fait se recouper les histoires, tel un puzzle narratif qui prend de la cohérence au fur et à mesure est un vrai bonheur de lecture, on suit vraiment de près ses évènements que l'on ne voudrait pour rien au monde vivre à la place des personnages, et il en résulte une immersion captivante et un suspense bien entendu, qui va s'en sortir ? Qui survivra ? On va forcément s'attacher à un personnage qui périra, et King sait y faire dans ce domaine là.
Cette première partie est une belle réussite, King y dépeint avec justesse la folie, la décrépitude, la grande chute d'une humanité confronté au pire, qui voit se confronter ceux qui veulent juste s'en sortir à ceux qui profitent de la situation pour laisser libre court à leur pires pulsions, à des instincts primitifs habituellement enfouis bien profondément. L'impunité régnant désormais partout, elle offre de terrifiantes possibilités au mal de montrer ses aspects les plus repoussants, au-delà de cela, on y croise aussi des hommes et des femmes attachants, tissant ces liens salvateurs qui font croire en des jours meilleurs.
Un tome 1 plein de promesses sur l'affrontement entre le bien et le mal. Promesses qui ne seront que partiellement tenues dans la seconde partie mais cela est une autre histoire.