Mise à mort de la morale kantienne

Schopenhauer, c'est un peu la force tranquille, le mec arrive et se propose de mettre en branle toute la métaphysique des mœurs de Kant, le mec s'attaque quand même à un géant de la philosophie allemande et il y arrive de manière brillante !

Alors, même avant de lire Le Fondement de la morale, on pouvait déjà émettre des réserves quant à la morale kantienne et de son impératif catégorique qui, comme Nietzsche le disait, était trop cruelle.
Ici Schopenhauer montre que, en plus d'être cruelle, elle est incohérente : entre le premier principe de la morale kantienne qui se révèle être hypothétique et ses impératifs catégoriques comme "Tu ne dois pas mentir", "Tu ne dois pas tuer" qui proviennent aucunement d'une morale basée sur la raison pure mais de la morale théologique ( les 10 commandements etc...); on se rend bien compte que alors que Kant a donné une vision de la morale bancale même si on peut toujours être d'accord avec lui lorsqu'il dit qu'un acte n'a pas de valeur morale lorsqu'il a un intérêt pour celui qui le commet.

Schopenhauer scinde par la suite les actes des hommes en trois parties : la méchanceté, l’égoïsme et la charité. Il voit ainsi la charité, la pitié comme un des deux valeurs cardinales de la morale ( l'autre étant la justice) car la pitié est accomplie de manière désintéressée. On voit que Schopenhauer n'a pas connu le Téléthon avec tous ces gens qui finissent pour donner leur argent pour éviter purement et simplement une mauvaise conscience... Ce qui est un acte on ne peut plus égoïste.

Malgré cela, Schopenhauer a des arguments, les exposent de manière claire ( pas comme Kant où il faut se taper tout un tas de termes techniques et des phrases interminables) et même si on est pas forcement d'accord, ça pousse à réfléchir.
Comme il le dit, comment se fait-il par exemple que des hommes arrivent à se sacrifier pour les autres ? Pourquoi lorsque l'homme approche de la fin de sa vie, il se soucie alors de savoir s'il a fait plus de mal que de bien dans sa vie ? C'est que la morale a forcement une portée métaphysique et on le voit bien dans les religions comme le christianisme puisque la vie après la moral se définit selon des principes moraux ( Enfer pour ceux qui ont mal fait, Paradis pour les autres...). Selon Schopenhauer, c'est parce que l'homme bon ne limite pas son moi à son enveloppe physique et ce qu'il voit dans les autres, c'est lui. Ainsi, l'homme bon est plein de pitié car il sent la souffrance des autres comme étant la sienne et peut sacrifier sa vie pour les autres car son moi n'est pas seulement contenu dans ce corps qui va périr etc...

En tout cas, ça m'a clairement donné envie de m'attaquer à son pavé qu'est Le Monde comme volonté et comme représentation.