Le texte de présentation disponible ici correspond à la quatrième de couverture du bouquin. Une présentation éditeur, méfiance ? En fait, j’ai choisi de lire ce livre après en avoir entendu parler par une enseignante en littérature anglophone qui l’avait probablement lu en version originale. J’ai lu la traduction, de qualité, et j’ai apprécié l’état d’esprit autant que la qualité littéraire.
Le roman tient ses promesses, autant par le message qu’il délivre que par les surprises qu’il distille au fil des pages. Les personnages sont bien étudiés. Leurs motivations, leur psychologie et leur évolution personnelle sont parfaitement crédibles. La région du grand ouest et du Grand Canyon est décrite avec amour et souci des détails qui feront vibrer le lecteur. La folle entreprise du gang est détaillée avec compétence technique et humour. La progression de ce qu’ils entreprennent est réjouissante et ne va pas sans les ennuis inhérents. Et la cavale finale met en scène tous ce que l’Amérique comporte d’éléments fascinants opposés à d’autres répulsifs.
Ce roman est l’œuvre d’un utopique amoureux des grands espaces de son pays et qui se désespérait de voir la civilisation gagner du terrain sur des territoires vierges. La conquête de l’ouest si souvent célébrée au cinéma par le genre western (quelques chef-d’œuvre) a son côté déplorable que certains évoquent en voulant aller encore plus loin dès que la civilisation se fait trop envahissante (exemple avec « L’homme aux colts d’or » d’Edward Dmytryk, film de 1959, avec Henry Fonda et Anthony Quinn). L’aspect contradictoire est dans ce roman symbolisé par des saboteurs buveurs de bière qui balancent leurs canettes vides sur le bord de la route, souillant à leur manière ce désert (ou cherchant à se l’approprier).
Comme je le signale par ailleurs, j’ai lu ce roman peu de temps avant « Naissance d’un pont » de la française Maylis de Kerangal et noté que le roman américain débute là où le français se termine. C’est probablement un hasard. Mais ce lien me permet de noter que là où la française fait de la littérature pure avec un message facile, l’américain va plus loin, tout en faisant de la littérature de qualité.
Electron
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le 9 sept. 2012

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