Le Jouet du Prédateur par Samskeyti

Sascha Buzmann, jeune enfant allemand de 9 ans en 1986, s'est fait kidnappé pour être ensuite battu et violé pendant 3 mois par un marginal vivant dans une caravane insalubre, Adam Geist.

Évidemment le récit est poignant. Des années après on pourrait douter des souvenirs de Sascha mais lui-même en est conscient et donc retranscrit les souvenirs qu'il a refoulé pendant des années qui l'ont marqué sans prétendre se rappeler de chaque jour précisément. Il n'y a pas de notion de temps précise du coup ce qui n'est pas dérangeant.
L'alternance des chapitres entre le passé relatif à sa séquestration et le présent faisant un état des lieux sur sa vie après ces évènements rend le tout plus riche.

Pour être très honnête, c'est un peu de curiosité malsaine qui m'a amené à lire ce témoignage. Néanmoins, ce ne sont pas les actes en eux-mêmes qui sont horrifiants (j'ai quand même eu des grimaces de dégoût en lisant) mais la partie où un semblant de relation d'être humain commence à être tissée. Il n'y a pas de syndrome de Stockholm mais un simulacre d'amitié initié par Sascha dans l'espoir de pouvoir à terme tromper la vigilance de son bourreau.
La partie relatif au présent de Sascha Buzmann et les moments clés de sa vie APRES apportent beaucoup. Tout simplement voir le suivi, comment ça a été vécu par lui (savoir tout simplement si en terme de proximité physique il a eu du mal ; s'il a bien tourné, etc..). De plus, le rapport qu'il a eu avec un psychiatre après ; les retombées en terme de détraqués qu'il a eu suite à un article et un documentaire, c'est un truc auquel je n'avais pas pensé et pourtant... Sans compter le point de vue d'une journaliste déresponsabilisant presque Adam Geist et qualifiant ce qu'il a fait de "délit mineur" puis voir ce que ça a fait à Sascha Buzmann de lire ça ; le système judiciaire aussi qui a fini par libérer Geist qui a récidivé à sa sortie ; la relation de Sascha avec ses parents.

Bref, le tout est touchant. D'un style simple, on sent que ça a dû lui faire du bien de pouvoir extérioriser et faire face à toutes ses craintes, ses souvenirs, etc... On en ressort avec l'envie de lui faire un câlin et de lui souhaiter le meilleur pour la suite !