Salu moa c kevin é jvé écrir 1 vré livre
Ce livre est sans doute un des plus mauvais qu'il m'ait été donné de lire. D'ailleurs, je n'ai pas pu aller plus loin que le premier chapitre.
ça commençait pourtant plutôt bien: le prologue était original, teinté d'ironie, en distinguant les mercenaires des aventuriers, les second étant plutôt des bandits que des guerriers. Les personnages principaux étant justement des aventuriers, je m'attendais à de la sf assez sombre, avec des personnages torturés, ou au contraire s'assumant totalement, vivant dans la pauvreté, la misère et sans aucune étique. Je m'attendais à lire une sorte de Chronique des Ravens, avec les fameuses engueulades qui faisaient tout les piment des conversations écrites par James Barclay. Je m'attendais à des batailles épiques, un groupe de six guerriers face à des armées. Je m'attendais à, allez, peut être pas le meilleur scénario du monde, mais au moins quelque chose de construit.
Force est de reconnaitre que Sam Sykes n'a rien d'un James Barclay. En fait, il n'a rien d'un auteur professionnel. C'est presque une honte de voir ce genre de livre publié.
Le premier chapitre s'ouvre sur une bataille navale. Bon. On peut imaginer que l'auteur ait voulu plonger le lecteur directement dans l'action, comme c'est souvent le cas dans un livre heroic fantasy. Histoire de satisfaire notre virile envie de sang et tripailles. Pourquoi pas? Mais ce premier chapitre est long. Trop long. On assiste à une bataille sans rythme: des pirates attaquent le bateau sur lequel se trouvent les personnages principaux. Ceux-ci les repoussent une première fois, puis prennent le temps de se disputer sur le meilleur moyen de fuir, et les pirates relancent l'attaque, et on se replie, et tout ça sans la moindre logique. On a l'impression que l'auteur trépignait d'impatience à l'idée d'écrire une scène d'action, et que tous les dialogues qui meublent les scènes "calmes" ne sont que du vent pour permettre à une autre bataille d'éclater. Honnêtement, un gosse de 3ème fait les mêmes erreurs d'écriture: se jeter dans l'action sans prendre le temps d'établir un décors, un monde, une psychologie, bref, un petit univers clair dans lequel le lecteur prenne plaisir à naviguer.
Les dialogues eux-même sont brouillons. Les personnages passent leur temps à se chamailler. Soit, pourquoi pas? Au risque de me répéter, les dispute parfois violentes qu'on retrouve dans les Ravens étaient bien menées et traçaient les traits de caractère des personnages, liaient et déliaient les amitiés. Dans Balafrée, de Michel Robert, les personnages secondaires et l'héroïne sont en perpetuelle opposition, et pourtant cela forge son caractère, donne une dynamique, et on se surprend à espérer qu'elle finisse par se réconcilier avec ses compagnons.
Ici, rien de tout ça. Sam Sykes balance des insultes toutes les deux phrases, insultes pitoyables d'ailleurs car jouant sur un monde que le lecteur ne connait pas: "Une crétine de shicte", par exemple, désolé, mais je trouve que ça ne prend pas.
Les conversations entre les personnages, ainsi polluées d'insultes haineuses, ralentissent le rythme, font s'éterniser des dialogues qui auraient gagnés à êtres écourtés, perdent le lecteur dans ces disputes de gamins entre des guerriers assoifés de sang. Le réalisme n'y est pas du tout, du coup les personnages ne prennent pas de réelle consistance, ils ne font pas "vrai".
D'ailleurs, les personnages eux-mêmes sont d'un manque d'originalité pitoyable. Outre le fait qu'ils soient tous antiphtiques à souhait (mais admettons que ce soit voulu), ils suivent l'archétype caractéristique d'un jeu de rôle: un guerrier, une archère, une prêtresse (moine, guerrisseuse), un magicien élémentaire (feu, eau, foudre, tout ça), etc. Rien de bien compliqué à imaginer, tout le monde a déjà croisé ces personnages au détour d'un MMORPG.
Et que dire de la fameuse voix assassine qui résonne dans la tête de Lenk, le héros de cette histoire? "tuer" "tuer" "tuer". C'est une gaminerie. Juste un prétexte de plus pour envoyer les personnages à la bataille (et il faut bien ça, vu que ce sont des pleutres). La façon dont cette voix internvient, dès le premier chapitre, sans prévenir, est extrémement mal jouée. On ne balance pas un élément aussi important de l'intrigue dès le premier chapitre: il se noit au milieu de la présentation d'une foule de personnages qui ne nous marquent pas, d'une bataille trop longue, de conversations dont on peine à comprendre l'intérêt.
Je ne peux pas juger le scénario dans son entier: je me suis vraiment arrêté au premier chapitre. Cependant, ce que j'en ai vu est terriblement nul. Aucune originalité dans les personnages, des pistes d'une intrigue banale (un groupe de guerriers lancés sur une quête épique dont dépend l'avenir du monde), le blabla habituel.
Bon, on me reprochera peut-être ma note très basse alors que je n'ai même pas pris le temps de lire ce livre en entier. Mais je répondrais ceci: quand l'incipit du roman ressemble à s'y méprendre aux textes que vous comme n'importe lequel de vos petits camarades écriviez au collège, la tête perdue dans des histoires aussi épiques que naïves et destructurées, inutile d'avoir de l'espoir pour la suite.
Le livre des abysses est le premier roman de Sam Sykes. Je pense que son éditeur n'aurait jamais du accepter ce roman ou au moins lui demander de retravailler dessus. Maintenant, j'espère que personne d'autre que moi n'ira dépenser 20€ pour une telle déception...
