L'amour, l'avenir, l'aventure et tout le reste...

Tu sais, Richard, toi je t'aime d'un amour tendre et tranquille, comme on aime passer la main sur de l'herbe drue et un peu mouillée, comme on aime se reposer sous un gigantesque chêne en regardant les rayons du soleil essayer de percer le mystère des feuilles trop vertes, comme on aime boire un jus de fraise sucré juste ce qu'il faut, comme on aime écouter une musique un peu joyeuse mais un peu triste aussi.


Tu es de ceux, Richard, qui ont dû comprendre, un jour, que les enfants ne sont cruels que par excès de poésie, ne sont gentils que par excès d'imagination, ne sont insaisissables que par excès de confiance. Les enfants découvrent le monde avant de découvrir les mots, et leurs premières années se passent à essayer de voir comment faire coïncider la largeur des rêves avec l'étroitesse de la langue. Puis peu à peu ils oublient cette tache insensée. Toi pas.


Richard, n'écoute pas, regarde un instant ailleurs, fume tranquille pendant que les grillons chantent une chanson qu'on ne comprend pas, mais qui a l'air drôle, si drôle. Et moi je vais chuchoter en rythme pour noyer mes mots dans le froufrous de leur rengaine (il manquerait plus que tu te mettes à avoir des regrets... ) et t'insulter un bon coup, mon salaud, de nous avoir montré à quel point notre monde si pourri pouvait en même temps être si beau, avant de nous y planter là, tous seuls comme des cons !

Chaiev
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Oh Richard !, L'ile déserte : les Étasuniens contemporains, On the row (2011) et Âmes d'enfant

Créée

le 13 juin 2011

Critique lue 1.1K fois

42 j'aime

10 commentaires

Chaiev

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

42
10

D'autres avis sur Le Monstre des Hawkline

Le Monstre des Hawkline
Le-Jacasseur
8

Grand N'importe Quoi Génial.

Ce livre est un « grand n'importe quoi génial », dans lequel on plonge athlétiquement, d’un saut étrange et profond pour finir par s'en passionner et le finir en apnée. A moins que Brautigan nous y...

le 5 oct. 2012

12 j'aime

2

Du même critique

Rashōmon
Chaiev
8

Mensonges d'une nuit d'été

Curieusement, ça n'a jamais été la coexistence de toutes ces versions différentes d'un même crime qui m'a toujours frappé dans Rashomon (finalement beaucoup moins troublante que les ambiguïtés des...

le 24 janv. 2011

283 j'aime

24

The Grand Budapest Hotel
Chaiev
10

Le coup de grâce

Si la vie était bien faite, Wes Anderson se ferait écraser demain par un bus. Ou bien recevrait sur le crâne une bûche tombée d’on ne sait où qui lui ferait perdre à la fois la mémoire et l’envie de...

le 27 févr. 2014

268 j'aime

36

Spring Breakers
Chaiev
5

Une saison en enfer

Est-ce par goût de la contradiction, Harmony, que tes films sont si discordants ? Ton dernier opus, comme d'habitude, grince de toute part. L'accord parfait ne t'intéresse pas, on dirait que tu...

le 9 mars 2013

244 j'aime

74