Un fleuve tumultueux

Une lecture d'abord laborieuse pour le fieffé mécréant que je suis, les difficultés s'estompent à mesure que les pages défilent pour s'attarder sur l'esthétique de l'oeuvre et y contempler la beauté des nombreuses allégories, tantôt convenues, tantôt sincères qui parcourent le texte. On peut certes lui reprocher l'inspiration évangélique évidemment prégnante dans ses manières expressives mais ne faudrait-il pas sous-estimer les qualités propres de l'auteur, ne serait-ce que dans son habileté à présenter non pas des mots, ni des pensées mais des images à l'esprit. Après, tous les sujets ne se valent pas, d'ailleurs tous n'ont pas la même longueur et tous n'ont pas été écrits avec la même intensité, mon préféré est sans aucun doute "Les maisons" avec cette phrase que je trouve admirable "Votre maison ne sera pas une ancre, mais un mât." ; en ce qui concerne les plus mauvais, je dirais que "L'amour" et l'épilogue sont une bien terrible façon de commencer et terminer un récit : "Comme des gerbes de blé, il [l'amour] vous rassemble en lui. Il vous bat pour vous mettre à nu. Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce. Il vous broie jusqu'à la blancheur. Il vous pétrit jusqu'à vous rendre souple." ces mots sont fades, ils sentent l'absence d'inspiration, ils n'évoquent rien, cela expliquant mon manque d'enthousiasme à l'idée de lire ce livre.