Les mérites de la thèse

Un tel essai serait vraisemblablement anathématisé avant même de paraitre dans une société presque entièrement féminisée. Pourtant, la thèse de Schopenhauer s'entend et se conçoit assez raisonnablement ; elle se résume à l'infériorité de la femme. Mais que doit-on penser de cette infériorisation, sur quoi reposent les idées de l'auteur ? Il est vrai, comme c'est toujours le cas lorsque l'on traite de l'entendement, que les arguments sont toujours placés en-deçà du niveau de sa légitime considération, du fait simple que l'on ne peut être à la fois sujet et objet. Ainsi donc, Schopenhauer déclare que la femme dispose d'une moindre raison que l'homme, se plaçant en tant que simple observateur de la société, il constate qu'elle vit dans un état intermédiaire entre l'enfant et l'homme, présumant de son attachement à la matérialité, de l'exacerbation de ses émotions, de l'irresponsabilité de ses actes et par extension de la nécessité tutélaire. Les contradicteurs pourraient rétorquer que ces mêmes comportements sont observables chez l'homme, ce à quoi faudrait-il s'empresser de leur répondre que ce que théorise Schopenhauer, c'est l'infériorité naturelle de la femme, mais qu'il est évident qu'il est des hommes absolument médiocres et qu'un défaut de capacité ou de volonté les rendrait en cela inférieurs aux femmes bien conformées. Par conséquence de l'infériorité de la femme, Schopenhauer se récrie contre cette monogamie qui offense les deux sexes par l'affirmation de leur égalité, le premier car l'égalité favorise toujours les plus faibles (l'homme est ainsi lésé), le second car ses capacités sont inférieures à ses possibilités (la femme est donc embarrassée).

En bref, une thèse qui ne repose sur pas grand chose, pourtant loin d'être démontable. Et quoiqu'elle subirait la censure aujourd'hui pour des raisons évidentes, il est tout aussi évident que sa réfutation n'en serait pas plus, ni moins pertinente. Pour ma part, j'adhère à cette vision de la moindre raison féminine sans pour autant avaliser l'essai entier, surtout les remarques faites sur l'art, qui dépassent de l'objet de la thèse car la relation qui s'établit avec l'art a plus à voir avec la culture que la raison. Aussi, il n'est pas infamant de déclarer la femme rationnellement inférieure à l'homme, tant il est certain qu'elle l'est au moins physiquement ; l'infamie de la femme, c'est de se vouloir homme.

Concernant la forme, la rédaction de l'essai manque cruellement d'organisation, on se perd dans cette vingtaine de pages où il manque tant d'exemples et d'arguments pour régler les points de la thèse. Un texte trop succinct et brouillon pour mériter plus que la moyenne.