Jack Guevara

Puisque je ne trouve sur senscritique que des avis positifs sur ce bouquin, je me permet d'écrire en vitesse quelques lignes pour expliquer mon point de vue.
Le Talon de Fer est grossier. Ça, tout le monde est à peu près d'accord avec ça. Le roman est un prétexte pour défendre une idéologie, et le style est largement mis de côté. La nuance aussi, puisqu'il y a les gentils et les méchants, les gens intelligents et les brutes épaisses ou les abrutis. Dans son anticipation aussi, il est grossier puisque Jack London conclut avec une guerre civile générale et des massacres pendant des pages et des pages, à la manière d'un enfant qui ne peut pas terminer un jeu sans se mettre à tout renverser en immitant des bruits d'explosion. Tout cela conduit Trotski lui même à souligner le caractère "hyperbolique" de l'ouvrage.
Ne parlons pas du héros, figure quasi-divine mais dont on soupçonne fortement être une transfiguration de London.
Et puis la théorie politique, sans parler du marxisme qui en soi se défend, est simpliste. C'est de la théorie du complot dont il s'agit dans ce livre quand il parle des "oligarques" ou des "ploutocrates". Même si il essaie quelques fois d'être à la hauteur de l'intelligence dont il dote son héros en introduisant des explications telles que "ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils font, ils croient qu'ils agissent pour le bien", la plupart du temps les malheurs infligés aux prolétaires par les propriétaires sont justifiés par le fait que ces derniers sont des être méchants prêt à tout pour le profit.
Si vous cherchez un livre sur la lutte des classes et la misère sociale fin XIXème aux Etats-Unis, dirigez-vous plutôt vers l'excellent Martin Eden, du même auteur, beaucoup plus fin et intelligent. C'est d'ailleurs assez étonnant de constater le gouffre qui sépare les deux livres dans la manière de traiter des sujets pourtant très proches.

Pour finir sur un compliment, il faut quand même saluer une certaine clairvoyance de l'auteur. En particulier, je terminai juste un livre sur la résistance française sous l'occupation nazie (l'Armée des Ombres) et il se trouve que le groupe de combat de London est décrit de manière similaire.