Le seul roman sur fond historique (celui d'une Angleterre menacée par la France napoléonienne !!!), du grand Thomas Hardy, écrit surtout par l'auteur pour tenter de renouer avec le succès de son magnifique chef d'oeuvre Loin de la foule déchaînée. Il va même jusqu'à remettre trois prétendants tournant autour de la même femme. On ne change pas un schéma qui gagne. Reste que pour la première fois, j'ai été un poil déçu par une oeuvre de Thomas Hardy.
Je n'ai pas trouvé ses personnages aussi bien croqués que ceux dans ses plus grandes œuvres, celles dans lesquelles il parvenait à nous les faire accepter avec leurs qualités et bien sûr leurs défauts, à nous rendre véritablement emphatique. J'ai trouvé l'héroïne Anne Garland inconsistante, tout comme son prétendant de la Royal Navy, Bob ; enfin surtout on n'arrive pas vraiment à percevoir le pourquoi de cette inconsistance ce qui fait qu'on passe à côté de ces deux protagonistes. Le frère de ce Bob, John, militaire dans l'Armée de sa Royale Majesté, est touchant par son abnégation, mais est trop sous-exploité pour vraiment marquer. En fait, le seul personnage réussi est le troisième prétendant, le milicien aussi grande gueule et vantard que pleutre Festus Derriman, dont la tactique de drague est de "grab them by the pussy". Tactique qui se retourne contre lui lorsqu'il l'essaye sur l'héroïne ; ce qui donne lieu à des scènes très drôles.
Drôlerie pour laquelle Thomas Hardy était très talentueux. Il en avait montré déjà quelques traces dans Loin de la foule déchaînée avec quelques personnages secondaires, mais là il se lâche totalement (ce qui contrastera très fortement avec la suite de son oeuvre !!!). A raison parce que ces scénettes se révèlent les meilleures du livre. Les scènes avec l'oncle de Festus essayant de protéger son magot de la cupidité de son neveu, les répétitions militaires maladroites des réservistes, et surtout celle pendant une alerte où Festus essaye par tous les moyens possibles d'échapper au combat.
A noter aussi une séquence assez intense, bourrée de suspense et d'angoisse, un petit éclair brillant, lorsque le personnage de Bob est traqué dans le moulin par la presse (c'est-à-dire ceux qui traquent les déserteurs ou ceux considérés comme tels !!!).
Mais malgré ses fulgurances, d'humour ou de suspense, Le Trompette-major est clairement une oeuvre mineure dans la carrière d'un géant de la littérature.