La bonne fantasy existe encore?!
Je vais pas mentir, j'ai découvert le roman grâce à la série. Ca fait un bout de temps que je me tâte, et j'ai sauté le pas.
J'ai tout de suite été charmé par cet univers. D'une part, il est assez loin de la fantasy classique, avec des orques et des gobelins tout partout (on parle bien des Autres, mais ça reste encore bien mystérieux), des mages et des trucs relou, et d'autre part les personnages sont remarquablement écrits. On se prend facilement d'affection pour chacun d'entre eux, malgré leurs errements et leurs objectifs parfois douteux. Les enfants Stark, Ned, Tyrion Lannister, Catelyn,... Ils ressemblent bien peu aux archétypes classiques de la fantasy, ou plutôt ils contournent soigneusement tous les codes. Ainsi ce sont des êtres humains, avec des qualités et des défauts, et non des parangons de sagesse et de vertu. Leurs relations sont aussi bien travaillées, et le jeu de destins croisés est restitué efficacement. À ce sujet, j'ai rarement apprécié la narration "à l'américaine", où chaque chapitre correspond à un personnage, car généralement ça rime avec cliffhangers artificiels, intrigue amenée maladroitement et brouillard permanent pour pas révéler la clé de l'intrigue tout de suite. Pas de ça ici. Sans doute parce que Le Trône de Fer dépasse le cadre du roman. On ne lit pas une histoire finie, on suit des personnages dans leur quotidien, et parfois il ont leurs sales jours. L'étoffe d'une bonne saga.
On reproche souvent la lenteur de ce roman, mais si vous m'avez lu jusqu'ici vous comprendrez que ça ne m'a nullement affecté, au contraire. J'aurais lu le livre encore plus vite, si le texte n'était pas parsemé d'un pseudo-parler médival à coups d'inversés adjectifs et de vocabulaire pompeux. La faute du traducteur ou de l'auteur? Je pencherais plutôt pour la première solution, il semblerait que celui-ci soit responsable d'autres crimes impardonnables (traductions foireuses et découpage ridicule). Un texte désagréable à lire ne renforce pas l'immersion, ça la casse. Surtout que paradoxalement, l'on retrouve cette tare bien plus dans les descriptions que les dialogues, alors que ces derniers pourraient justifier la chose, puisqu'ils opposent la plupart du temps des personnes de haute extraction.
Mais bon, on finit par passer outre. Le nombre de personnages peut rebuter aussi, à tel point que j'ai du mal à me rappeler certains de ceux qui gravitent autour de Ned Stark par exemple (du coup, pour moi leurs noms s'accompagnent juste de l'étiquette "fidèle à Stark"). Rien de grave, c'est juste frustrant.
Donc voilà. Il me semble utile de préciser que je ne suis pas un grand amateur de fantasy (c'te genre hanté par les livres sans saveur, sans personnalité et sans intérêt. Et non c'est pas des préjugés, j'ai eu ma phase fantasy pour en juger), hormis les incontournables comme Tolkien, Pratchett ou un autre monsieur dont j'ai oublié le nom. Mais je leur ajoute désormais George R. R. Martin, car je sais que j'irai jusqu'au bout de cette saga.