J'ai entendu dans le lointain ces quelques mots : Le Tolkien Américain, l'auteur qui dépasserait de loin le Seigneur des Anneaux, le Silmarillion ou Les Contes perdus, un monde plus vaste que les Terres du Milieu ...
Je l'ai donc lu! Résultat, en quoi certains comparent ce livre à l'oeuvre de Tolkien ? Il n'y a rien de commun que ce soit dans l'écriture, les personnages, le monde, les sujets évoqués ... Donc laissons de côté la stratégie des éditeurs pour vendre un peu plus de livres pour en revenir au fond.
Un livre intéressant, des personnages attachants, le livre est une succession d'intrigues de château ... mais pas réellement de la Fantasy, allé je veux bien pour quelques évocations, deux trois scènes, on va dire 15 pages sur les 750 du livre ...
Donc, l'oeuvre se rapproche surtout des "Rois Maudits" de Maurice Druon que du Seigneur des anneaux. On reconnait bien l'influence de l'histoire d'Angleterre dans le roman de George Martin. Le pays en effet a subi pendant des siècles des querelles de clans qui se sont faits la guerre pour la succession du trône, le roi du nord ( euh d'Ecosse pendant des siècles) , l'irlande comme un pays lointain et différent, le mur d'Adrien qui devait séparer symboliquement les deux mondes : celui des romains civilisés et de leurs nouveaux dieux, et l'ancien monde, avec ses dieux, ses barbares et ses légendes inquiétantes de morts, d'esprits, rajoutez un peu des "Rois Maudits" pour le côté sexe, poison, assassinat, intrigues, mariages, viols, et vous avez le Trône de fer.
Alors je comprends que le livre puisse avoir du succés (Dallas et toutes les séries à intrigues en ont bien), l'écriture, malgré une traduction Ubuesque, nous transporte dans des lieux défférents, nous amène à aimer certains personnages, à en détester d'autres ...
Mon gros souci (et parce que j'ai un peu lu la suite) c'est que l'auteur s'amuse à allonger ses intrigues sur des pages et des pages et que l'on doit quelques fois attendre 150 pages avant de revoir apparaître un personnage, ce qui m'a quelques fois amené à lire en diagonale, et surtout l'auteur prend un malin plaisir à tuer, jeter dans la déchéance, estropier tous ses personnages. Au début on est en colère, on est surpris, ensuite cela devient de train-train quotidien, on ne se dit plus "J'espère qu'il ne va rien lui arriver" en parlant d'un personnage mais plutôt :
"Alors
choix n1 : la mort,
choix n2 : l'handicap,
choix n3 : le viol,
choix n4 : l'humiliation publique,
choix n5 : la perte de son honneur, de ses enfants, de sa famille et de son chien ...
Ce qui aurait pu être un choix déroutant, dérangeant, pour certains personnages devient une grosse ficelle usée jusqu'à la corde trop rapidement et qui n'épargne personne.
Dernier point, que c'est long ... Au bout de 500 à 600 pages on se dit enfin l'action commence réellement ... Mais on est déjà à la fin du roman ... En 745 pages avec Tolkien on avait vu Bree, Foncombre, la Moria, La Lorien, Le Rohan, Isengard, Gouffre de Helm ... et vécu des moments très forts.
Donc ce qui m'a amené à continuer ma lecture fut l'amour que je portais aux personnages, ce qui m'a fait arréter c'est l'amour que je portais au personnage (trop de morts).
Mais, à chacun de se faire sa propre opinion, mais ne me parlez plus de fantasy pour qualifier ce roman, il y en a beaucoup plus dans les romans de Chrétien de Troyes, du seigneur des anneaux et bien d'autres.
