Cygnus et Palomino sont dans un bateau...

Alan Dean Foster c'est un peu le pape de la novelisation. J'y suis venu à l'adolesence avec les versions papier des films de la franchise Alien. Je me rappelle encore les premières pages qui présentaient les sept humains à travers leur état de rêve... le froid... le côté malsain et étouffant. L'exercice est délicat car l'auteur sait que le lecteur a, la plupart du temps, déjà vu le matériau d'origine. Il doit donc suivre un chemin ultra balisé sans être ennuyeux. Si l'editeur lui laisse quelques pages bonus il va souvent y insérer des scénettes inedites. Parfois aussi ces scènes sont d'origine mais coupées au montage. L'ecrivain se basant sur le scenar. Aujourd'hui c'est ces deux aspects qui m'attirent dans ce type d'ouvrage, passé l'attrait de l'objet pour le fan à la recherche des produits dérivés.
L'écriture chez Foster est toujours qualitative. Pas de facilités à outrance même si clairement il ne fait pas dans la grande littérature. Ce n'est pas sa mission non plus. La trame du film est suivie (c'est la moindre des choses) mais il ne s'interdit pas quelques ajouts. Foster n'a donc pas de style particulier ou reconnaissable. Il est juste très agréable à lire car il s'efface derrière l'histoire. Ses descriptions infusent les images dans notre imaginaire avec une apparente facilité. L'auteur est spécialisé dans la novelisation des films sf. Pour ce que j'ai pu trouver en français je citerai également Star Trek the motion picture qui est crédité au nom de Roddenberry, Outland, The Thing, Star Trek 2009...
Pour Le trou noir j'ai lu le livre avant de voir le film. C'est donc sans images préconçues que j'ai plongé dans cette histoire palpitante de rencontre fortuite entre deux vaisseaux spaciaux à la lisière d'un trou noir. Je pense que c'est pour cela que je ne pourrai jamais être totalement objectif sur le film qui a très mal vieilli. Les robots sont moches et ratés. Quand je pense à ce qu'on voit dans Star Wars il y a de quoi avoir honte. Mais heureusement il y a au moins autant de bonnes choses pour compenser en partie : j'adore le côté art deco du Cygnus, le style capitaine Nemo de Reinhardt, et surtout l'envoutante musique de Barry. Dans mon souvenir le livre offre une trame et des scènes plus denses. La fin libre d'interprétation est aussi mieux amenée sur le papier.
Bref, je ne peux plus tester l'expérience inverse mais si vous avez le choix commencez par le livre. C'est un bon Alan Dean Foster.