"Le Ventre de Paris", troisième volet de la grande saga que j'ai décidé de lire en entier, est avant tout une peinture. Zola décidé de jouer avec les couleurs, les formes, les odeurs, de faire vivre sous sa plume les marchés de Paris, les halles et ses cris, les rangées de commerçants rivaux. Et le contrat est parfaitement rempli. Déjà maître d'un style inégalable pour cette troisième entrée des Rougeon-Macquart, Zola se jette tout nu dans l'art, prend le "ventre de Paris" comme un terrain de jeu propice à toutes les métaphores, jusqu'à l'indigestion parfois. Le problème - et c'est ce qui m'a empêché de totalement apprécier le livre - c'est que les moments romanesques du livre, l'histoire de ce Florent en cavale, sont étouffés par toute cette magie stylistique. C'est comme si l'auteur avait dû "sacrifier" l'intérêt de l'intrigue pour donner une place quasi-totale au projet descriptif. Dès lors, le destin du jeune homme n'a pas vraiment de quoi intéresser le lecteur : tout est tracé sans surprise, l'aventure parisienne du révolutionnaire n'est peut-être qu'un prétexte. Disons que Zola a su et saura mieux équilibrer son art.
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