Une intrigue habilement intégrée à la description d'un milieu

Après la Curée, j'ai eu beaucoup de mal à me relancer dans Zola, tant je sentais que son style n'était pas pour moi. Et pourtant, j'ai vraiment apprécié la lecture du ventre de Paris, que j'ai dévoré (aha) en l'espace d'une petite semaine, malgré l'épaisseur du volume.


Pourtant, on retrouve parfois les mêmes poncifs, des descriptions à n'en plus finir, qui certes permettent de caractériser un milieu (ici, celui des Halles), mais qui parfois hachent trop le récit. Quand Zola énumère pendant deux pages les fromages présents dans la fromagerie... honnêtement c'est assez longuet, et je lis un peu en diagonale car mon attention diminue.


Mais malgré tout, Zola arrive, je trouve, habilement à entremêler une histoire dans cette description du milieu des Halles. Car les Halles deviennent un personnage à part, un monstre sans âme (sans coeur, mais avec un ventre) et donc même les moments un peu écartés de l'intrigue permettent de mieux comprendre les enjeux. Car c'est bien à cause des Halles que la chute de Florent aura lieu.
Florent, c'est le héros du roman. Sans l'être. Il est fade et peu enthousiasmant. Zola fait le choix de construire des personnages forts, autour de lui, mais qui ne sont pas attachants pour autant (Florent ne l'est pas tant que ça non plus). Lisa Macquart, la belle Normande et d'autres traversent le récit et j'ai apprécié la façon dont Zola avait d'expliquer les changements progressifs des personnages, surtout leur rapport vis à vis de Florent.
On comprend pourquoi à un moment ils l'aiment, puis ne l'aiment plus, puis s'en méfient... Il y a une vraie étude de la personnalité humaine, très bien vue et tout à fait pertinente.
C'est une tragédie grecque mais au XIXè siècle. Et si le style naturaliste peu en lasser certains, pour le ventre de Paris, moi, je l'ai trouvé finalement indispensable à son propos. Tout le monde finit par être corrompu, avalé et broyé par ce monstre humain que sont les Halles.

Parkko
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le 11 août 2021

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