Pour le philatéliste amateur, en sa lointaine jeunesse, et amoureux de l'Europe Centrale et des Balkans, leur histoire mouvementée et leur géographie, Le cahier volé de Vinkovci est à l'instar de son auteur serbe un voyage chargé d'émotion dans le passé et dans l'espace. Et de se rappeler ces timbres italiens surchargés "Istria" ou les nombreuses émissions de Fiume (aujourd'hui Rijeka, en Croatie). Le narrateur du livre trace donc les contours d'une époque révolue, volant de Trieste à Salonique, en passant par Pula et Belgrade, entre autres. Il ne s'agit pas d'un roman mais d'un ouvrage très personnel qui comme la mémoire sinue et hoquette, s'attardant sur une mère qui a fini sa vie en maison de retraite, atteinte par la maladie d'Alzheimer et une autre femme, à la vie plus aventureuse, fascinante et insaisissable. Les allers et retours vers le passé sont constants dans Le cahier volé à Vinkovci et la toponymie omniprésente comme pour un Modiano qui aurait troqué la France pour cette Europe du XXe siècle où surgissent les ombres des empires défunts, Ottoman et austro-hongrois, sans parler de l'ex-Yougoslavie. Le plaisir du lecteur à ces évocations ondoyantes et assez obsessionnelles, il faut bien le dire, dépend de son acceptation ou non à entreprendre un périple sans passeport ni visa, aux confins d'un monde perdu qui ne survit que dans les souvenirs des plus anciens. Un labyrinthe spatio-temporel qui peut égarer, naturellement.

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le 16 mars 2021

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