Un final étonnant qui fait passer la pillule des 3/4 du roman

Daniel Handler a fait le choix du journal intime pour relater les faits. Nous sommes directement en contact avec Flan, narratrice et actrice principale de l'histoire, jeune lycéenne américaine de Terminale. Nous allons suivre son début d'année scolaire, faire la connaissance de ses amis, découvrir ses préoccupations...

Le ton est léger parfois, désinvolte souvent, la narration est particulière. Flan écrit comme elle parle et cela donne des phrases biscornues, des idées jetées pêle-mêle sur le papier et des concordances de temps assez fantaisistes. Le lecteur doit en prendre son partie, l'auteur (fictif) est une adolescente et ce roman séduira sans doute bien plus les ado que les adultes qui peuvent y voir des maladresses linguistiques et des préoccupations superficielles. Ce fut mon cas.

Pendant les 100 premières pages, je me suis demandée quel livre j'avais ouvert. Je n'étais pas du tout là où je pensais me trouver et "Adam State tué au cours de ce qui s'apparente à un rituel satanique", comme l'indique la 4ème de couverture, n'était toujours pas mort. A la page 350 non plus... J'ai compris par la suite que finalement ce roman est essentiellement la justification du meurtre et ce qui s'est passé avant.

Après avoir ramé pendant la moitié du roman, les 100 dernières pages m'ont donné une meilleure opinion de l'ensemble. Là où il n'y avait jusqu'alors que futilité, cours séchés, beuveries entre jeunes bourgeois, le roman a basculé dans une toute autre dimension. Le lecteur est alors mené par le bout du nez jusqu'au final. La scène de la soirée du meurtre est orgiaque, décadente et surréaliste. On bascule dans le glauque et une dimension psychologique fait son apparition. En 100 pages seulement Daniel Handler a justifié le fait que je me sois accrochée à ce roman pourtant maintes fois laissé de côté au cours de ma lecture. Il eut été dommage de ne pas aller jusqu'au bout. Il faut s'accrocher, c'est particulier, mais le final est étonnant.

L'autre point positif de ce roman est la critique de l'opinion publique, des spécialistes et des médias qui s'excitent autour de l'affaire et multiplient les interventions bien pensantes et moralisatrices. Autant de démonstrations de ce qui doit être fait et de ce qui ne le doit pas qui nous rappelle que l'adolescence est un moment difficile où les seules lois universelles sont celles de la loyauté et de l'amitié. Les adultes détourneront les propos de Flan et de ses amis, dissèqueront la moindre photographie à la recherche de preuves de mode de vie malsaine. Des déformations qui révoltent Flan et qui mettent en avant, page après page, sa psyché tourmentée.

"Le Cercle des huit" est donc au final une bonne surprise. Ce roman est plus intelligent qu'il n'y parait au premier abord. A lire donc pour la critique virulente de la morale bien pensante et des dérives de l'adolescence qu'il présente.
Nelfe-et-MrK
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le 11 mai 2012

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