Dans les rentrées littéraires, certains ouvrages passent inaperçus. 690 titres pour le mois de septembre, c'est sûr que ça ne pousse pas au travail de détail. On met les têtes d'affiche en pile (Nothomb, Dugain, Adam, Echenoz, Oksanen...) et on laisse les plus petits de côté. Le lecteur exigeant sortira bien entendu des sentiers battus, sinon il ne serait pas exigeant. Mais à côté des quelques perles, il va devoir subir de bons gros ratés. Eh oui, parfois, si personne ne parle d'un livre, il y a des raisons ! Non pas que le roman soit mauvais (là, nos amis les critiques se font un plaisir de le descendre), mais parfois il est simplement raté. Ou mal fini. Ou un peu mal fichu. Bref, pas la perle qu'on cherchait. C'est un peu le souci auquel je suis confrontée avec ce très confidentiel Faux-Ami dont je ne sais pas si je l'ai détesté, ou si c'est simplement mon ennui profond à la lecture qui brouille mon jugement.

Ca partait plutôt bien. Un correcteur parle de son travail sur un manuscrit, mes petites antennes vibrent de joie : j'aime les romans qui se passent dans le monde du livre, déformation professionnelle. Mais dès le début on me transporte dans une histoire d'élection de pape en 1903 : qu'est ce qui se passe ? Ils ont relié de mauvais cahiers dans la jaquette ? Mais non, l'ensemble du roman se poursuit avec des interruptions ecclésiastiques (dont on comprend au bout d'un moment qu'elles sont des extraits du roman en cours de correction) qui saucissonnent la lecture de façon fort désagréable, tombant généralement comme un cheveu sur la soupe. Cependant, le souci principal est que ces encarts sont plus intéressants que le reste du récit, qui tourne inlassablement autour des états d'âme de ce vieil homme trop prudent et de ses problèmes gastriques. Il ne se passe pas grand chose, et le peu qui se passe est gâché par douze pages de considérations sur les pruneaux. Entendons-nous : les pruneaux, c'est bon, mais c'est chiant et c'est connu pour ça.

Au final on se retrouve avec un roman de 560 pages qui pourrait (devrait?) n'en faire que 300, qu'on a du mal à finir, qu'on lâche à toute occasion mais, et c'est ça le pire, avec une mauvaise conscience effroyable ! Parce que ça a beau être ennuyeux, l'écriture est belle, la langue aussi, les phrases sont bien équilibrées et il y a des trouvailles superbes... Alors on le finit, sans surprise puisque cette fin est annoncée depuis au moins 100 pages, et on passe vite à autre chose de plus rythmé. Mais cette ambivalence reste : aimé, pas aimé ? Réussi, raté ? Prometteur en tout cas, car c'est un premier roman, il faudra suivre les prochaines parutions !
Ninaintherain
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le 26 mars 2012

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