Le printemps des oiseaux rares est un roman à deux voix d’une grande justesse émotionnelle. L’auteure y aborde de nombreuses thématiques telles que la perte d’un enfant, le deuil, le viol, la différence ou encore la religion. Ses personnages sont touchants de réalisme et ouvrent une réflexion pertinente sur la vie et les traumatismes qui la jalonnent. Le personnage de Jibé est particulièrement intéressant que ce soit dans sa relation à sa famille ou dans son développement personnel. Cartésien, il se détourne de la foi dans laquelle il a été éduqué, une foi envahissante qui rend se relation au père très conflictuelle, ce dernier restant inébranlable dans ses croyances. Pourtant, Jibé cherche encore des réponses de ce côté quand il doit faire face à des difficultés. Empathique, il est attiré par Mélodie chez qui il ressent une profonde tristesse alors qu’elle tente de donner le change en souriant à tous. Leur relation évolue lentement mais sainement, chacun essaie d’apprivoiser l’autre dans sa différence pour l’aider à avancer. Et en aidant l’autre, ils s’aident eux-mêmes.
L’écriture de Dominique Demers est très belle. Elle n’est d’aucun parti pris et soulève des questions auxquelles elle tente de répondre de façon neutre en argumentant dans plusieurs sens. C’est fait avec talent et permet au lecteur de réfléchir d’avantage à ce qu’il croit ou pas. Les nombreux personnages secondaires ont tous beaucoup à apporter et enrichissent l’histoire des deux héros ce qui rend le récit encore plus juste.
Le printemps des oiseaux rares est une petite pépite touchante, parfois même bouleversante, à découvrir dès 13-14 ans.
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