Le sang des pierres" signé Johan THEORIN m'a été conseillé par une amie lectrice de polars et sensible à la poésie. Le doute d'une découverte d'exception était permis tant cette littérature des pays du Nord est devenue incontournable et qu'elle donne aux lecteurs et aux critiques l'impression qu'il y est bon d'encenser tout ... et même souvent n'importe quoi!

Mais il est vrai qu'avec l'écriture fluide et paisible de Johan THEORIN, ses personnages réalistes et ses récits ou mises en situation, dans lesquels le lecteur lambda peut entrer sans difficulté, on semble s'éloigner de ce qui pose problème à pal mal de lecteurs attirés par la mode du polar scandinave qui se révèle souvent trash et avec ses noms de personnages et de lieux imprononçables pour les lecteurs francophones dont je suis.


Mais "Le sang des pierres" est autre. Il est un bel exemple de ces livres où évoluent des personnages qui n'ont rien d'héroïque si ce n'est cette capacité obligée de se débattre au quotidien avec leurs valeurs, leur vie, leur passé, présent et avenir. Le but d'une vie étant de chercher la juste place qu'on peu y tenir.


Peter, le personnage central plus que le héros doit donc être tout à la fois le fils de Jerry, un personnage abject mais néanmoins son père; le père de Jesper, adolescent scotché sur sa playstation et Nilla sa jumelle, adolescente qui se bat contre un cancer; le voisin de Gerlof, tailleur de pierres et artiste du temps passé mais détenteur de la vérité qui poinçonne le présent; voisin également de Vendetta bien plus passionnée par les Elfes que par les Trolls, elle-même nègre de son mari auteur de livres traitant du bien-être mais personnage en grande souffrance.
On se reconnait, en plein ou en creux, dans ces personnages et on chemine avec eux, entre poésie des croyances, sagesse du passé, âpreté des combats du présent pour maintenir des liens, vaincre la maladie ou recréer des espaces de convivialité.
Un vrai polar, sans flic ni crime omniprésents, mais avec une Suède qui évolue tout en s'accrochant à son passé (le préserver, le retrouver étant probablement un vrai signe d'évolution). Un bon et beau moment de lecture.
Lecture miroir , avec Peter, si on prend conscience qu'en fait, dans nos vies l'héroïsme constitue bien souvent à faire preuve de cette capacité que maîtrisent certains à être, tout à la fois, tous ceux que le quotidien et nos proches nous réclament d'être ici et maintenant?


Johan THEORIN, un auteur que je ne maquerai pas de revisiter!

Créée

le 11 sept. 2017

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