Afin de combler les lacunes de mes critiques sur La caresse de Vénus et L'art de la fellation, j'ai décidé de lire un ouvrage de ce bon Docteur Leleu pour de vrai et en entier. Je suis allée au Boulinier du coin de la rue, espérant qu'une âme charitable aurait eu la bonne idée d'y refourguer cette merde, pardon, d'y revendre un exemplaire. Youpi, j'ai trouvé Le traité du désir !!

Inutile de nous attarder sur la notion de désir et la définition du mot "traité". Ce livre est un guide uniquement destiné aux couples hétéros, mariés, catholiques, avec enfants, père cadre supérieur, mère au foyer, ayant allaité ses lardons et vivant en milieu rural.

Tu es gay, célibataire, parisien et pauvre ? Passe ton chemin.

Je ne suis pas loin d'être comme toi, mais je vais tricher un peu. Si je rencontrais le Docteur Leleu, voilà ce que ça pourrait donner (je précise que toutes les citations sont extraites, mot pour mot, de l'ouvrage sus-cité, j'ai simplement opéré quelques coupures, parce que la prose de Leleu, c'est un peu comme si Ronsard était possédé par Marc Levy...Ouais, je sais, c'est horrible) :

- Docteur Leleu, je viens de découvrir votre ouvrage et j'avoue que le bonheur de la caresse intérieure, ça fait vachement envie. Je fais comment pour y avoir droit, moi aussi ?
- Il faut d'abord apprendre à allier désir et manque. Vous aimez et désirez votre mari, c'est certain.
- Ben en fait, je suis divorcée. Mais j'ai un partenaire sexuel en ce moment. J'aime faire des nouveaux trucs cochons avec lui et je testerais bien la caresse intérieure.
- Un jour, il part en stage en Italie. Et soudain, une idée vous traverse : et s'il avait autant envie de faire l'amour que vous ? Et s'il le faisait avec une de ces irrésistibles Napolitaines aussi brûlantes que le Vésuve quand il s'éveille ? On sait bien que certains hôtels proposent aux hommes d'affaires des filles pour égayer leurs soirées.
- Euh...Nan, mais ça va, il est aux États-Unis pour le taf. Mais, vous avez raison, les Ritales, toutes des salopes, c'est bien connu.
- Vous devez également préserver l'attirance et ne pas banaliser le corps, cultiver la flamme pour combattre la routine...
- Niveau routine, ça va. J'ai couché que quatre fois avec lui. Mais mieux vaut prévenir que guérir.
- ...Le vêtement n'est pas fait que pour se vêtir. Son rôle est aussi de souligner les signaux sexuels. Pour ce qui est des hauts talons, ils ont pour but d'allonger les jambes et de cambrer les reins pour faire ressortir les fesses. Quant au maquillage et à la coiffure, il est évident qu'ils visent à renforcer les signes sexuels que constituent la bouche, les yeux, les ongles et les cheveux.
- Lui, il a rien à faire et moi je sors ma panoplie de pute ? Je ne trouve pas ça très juste, mais bon, si vous le dites.
- Pas de toilette complète, non plus que de lavage intime, pas même de shampoing sous ses yeux neutres devenus. Ne livrons pas le nu à l'habitude et à l'indifférence qui en résulte. Que votre nudité soit toujours le couronnement d'un lent et troublant strip-tease.
- Jamais à poil devant lui, sauf pour niquer, c'est noté.
- Quand à vos viscères, elles n'ont rien à faire dans la corbeille du mariage. Laissons au tube digestif ce qui est au tube digestif et aux bronches ce qui est aux bronches. Dans le quotidien, tout échappement libre, toute quinte répétée offense le désir.
- Ben comme je vous le disais, ce n'est pas mon mari, mais mon partenaire sexuel. Mais c'est d'accord : pas de pet, pas de rot, pas d'expectoration incongrue.
- Il en va bien entendu tout autrement en cas de maladie. Passer le bassin ou l'urinal à son conjoint, à sa conjointe alité(e), faire son intime toilette, tendre le crachoir, relève de l'amour et le renforce. Il en est de même pour les règles.
- Quoi ???
- En tant que sécrétions spécifiquement féminines, véritables signes extérieurs de féminité, elles seront accueillies et partagées avec tendresse, voire avec délices par l'homme.
- Bon, je vais lui proposer de niquer à l'occasion de mes prochaines règles, mais je ne sais pas trop bien comment il va le prendre. Autre chose ?
- Les odeurs corporelles, quand elles sont du jour ou à la limite de la veille, sont aphrodisiaques. Mais les fragrances du corps tournent vite, faute de soins, sous l'effet de quelques méchantes bactéries.
- Non, mais je me lave, hein !
- Mais il y a négligé et négligé. Le surprendre occupé à tronçonner des bûches dans le plus élimé des jeans peut vous donner soudainement envie de le renverser dans la sciure. Inversement, le fait de vous découvrir en train d'épousseter la salle à manger dans une vieille robe moulante, si moulante qu'on y perçoit votre nudité, peut brusquement lui inspirer le désir de vous prendre sur-le-champ.
- Tronçonner des bûches ? Euh, y a un arbre en bas de mon immeuble, mais douze mètres de haut, il va jamais y arriver tout seul, je vous assure. De toutes façons, on vit en milieu urbain et je ne suis pas sa femme de ménage. Je couche avec lui, c'est pas pareil. Mais sinon, autre chose pour cultiver la flamme ou peut-on aborder à présent ce qui m'amène : la caresse intérieure ?
- Après avoir changé vos habitudes dans le temps, changez-les maintenant dans l'espace : remplacez le lit d'un mètre quarante de large par un lit d'un mètre soixante, fait de deux matelas accolés. Au lieu de faire l'amour en long, faites-le aussi en travers, c'est bien quand sur un coup de tête, il vous prend à la hussarde.
- J'ai un futon d'une place et demie, désolée.
- Allez faire l'amour dans un hôtel ! Pourquoi ? Parce que cela dépayse. Le décor change : les murs, les rideaux, les tentures sont d'une autre couleur, le lit et le mobilier d'un autre style.
- Y a bien un Sofitel près du périph...J'dis ça, j'dis rien, mais quand même, niveau déco, c'est pas génial, Docteur. Et puis, changer de lit, aller à l'hôtel, ma panoplie de pute, ça coûte des sous tout ça. Bon, il est juif et tous les juifs sont riches, c'est bien connu. Et radins. Je ne sais pas trop s'il voudra, mais je vais lui demander. Mais sinon, on peut en venir au cœur du sujet ? Enfin, le cul, quoi.
- Pensez aussi au repas aphrodisiaque : Ratafia de girofle (1 à 2 verres, pas plus), céleri rémoulade + œuf à la russe, Bouillabaisse safran ail, gingembre confit, champagne (2 coupes pas plus) et digestif au gingembre.
- Docteur, je cuisine comme une merde et bonjour l'haleine avec ça. Sans compter les rots. Et là, j'ai plus trop le temps. Vous pouvez me briefer vite fait sur la caresse intérieure, avant que j'y aille ?
- Commencez par des caresses sur son sexe. Si la couronne est d'une sensibilité électrique, le frein du gland, a une sensibilité de l'ordre de la fission nucléaire !
- Mon partenaire sexuel n'a plus de frein, il est juif.
- Mais il faut, avant toute chose tester, et le cas échéant, entraîner votre muscle du bonheur.
- Pardon ?
- Le muscle pubo-coccygien. Ainsi, chez l'homme, faites le test du doigt. Introduire un doigt dans le rectum et contracter le muscle. Le doigt sentira si la contraction est franche ou insignifiante. Pour la femme...
- Euh, Docteur, faut vraiment que j'y aille, là. Pour le doigt dans le cul, là encore, je sais pas trop bien s'il voudra. Mais je vais lui demander, c'est promis.

Et la caresse intérieure, dans tout ça, me direz-vous ? Je ne sais pas. Visiblement, il s'agit de ramonage intensif. Cette "lame de fond du plaisir" à laquelle il tient tant, Leleu n'y consacre que 10 pages environ (sur 344). Et de toutes façons, j'ai "raté" mon orgasme. En effet, je fais partie, paraît-il, des 50% de femmes qui n'ont que des orgasmes "superficiels", plus communément appelés orgasmes clitoridiens, dont le "ressenti général" est + dans le "clavier des orgasmes", contre un "ressenti général" ++ pour un orgasme vaginal. Voilà, 344 pages de conneries fondées sur du vent pour nous culpabiliser une fois encore sur nos pratiques. Pas d'orgasme vaginal pendant l'acte sexuel ? C'est que l'homme s'y prend comme un manche et/ou que la femme est frigide. Le clivage pourri entre vagin et clitoris a encore de beaux jours devant lui. Personnellement, je ne me sens pas concernée.

Merci, Docteur Leleu, c'était vraiment très intéressant.

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le 20 sept. 2011

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palouka

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