Leo Ferré, comme si j'vous disais

Résumé : «Écrivant, s'écrivant, oeuvre et vie inextricablement liées - Léo ne nous a jamais chanté que sa vie ; pour qui sait entendre, une exemplaire mosaïque de l'aveu intégral -, cet en dehors du show-biz n'a rien à cirer du gnangnan de la criticature. Il n'est pas un poète d'eau douce, il n'est que lui, il va."L'art, c'est pas pour faire joli", a dit le poète Jean Digot. Alors, sans complexe aucun et quitte à choquer Ducon, allons-y les mots crus, et d'english, et d'argot. Dès le départ, c'est bien ce qui le distingue : Léo est le premier, et le seul, à oser franchir la ligne jaune.»M. F.Maurice Frot (1928-2004) rencontre Léo Ferré en 1956. Encouragé par le poète, il rédige son premier roman, Le Roi des rats (Gallimard, 1965)- Au début des années 1970, il devient le secrétaire et le régisseur du chanteur, qu'il suit dans toutes ses tournées. Il a collaboré à Libération et à Politique-Hebdo, et créé le Printemps de Bourges avec Daniel Colling en 1977. On lui doit notamment Nibergue (Gallimard, 1969) et Le Tombeau des jaloux (Fil dAriane, 2000).Extrait du livre :LA RAYMONDE Le destin ! Pour tous les deux, l'heure était venue.Thérèse ChasseguetSur invite tombée du ciel, le 26 juin 1956 se pointe chez les Ferré, au 28 du boulevard Pershing à Paris, celui qu'on est encore très loin d'appeler Tonton Macoute.La porte rouge, l'affiche au saint-bernard, c'est bien là.Olpec, le mec, costume gris très classe, cravetouse et rasé de frais s'il te plaît. Mais miseria deDio ! ayant sonné, il s'avise qu'il a oublié de boutonner sa braguette !Merci à Raymonde - Raymonde Faucher mon épouse, la mère de mes deux enfants Dominique et Barbara, deux accidents d'avant pilule -, à celle qui avait fait le pari fou de tirer de son noir labyrinthe (où le tenaient enfermé les remords des atrocités vues et commises) l'empiégé de cette pute de guerre d'Indochine.Merci «la Raymonde» - comme, gentiment, nos enfants et moi l'appelions -, c'est sur ton initiative que le futur Macoute va embarquer pour u