Les Frères Karamazov peuvent faire écho à beaucoup de références, représentent beaucoup de symboles. La fameuse Trinité, le père, le fils, le Saint Esprit mais pas que. Ils peuvent également faire penser aux trois petits cochons, le bon la brute et le truand, les trois mousquetaires qui sont en réalité quatre, ou au fameux triptyque de la psychanalyse, le moi, le surmoi et le ça. Beaucoup de pistes à explorer, beaucoup de choses à même d'égayer les esprits les plus alertes.
Le passionné, Dmitri, l'aîné, totalement mu par ses émotions, sa passion, son hubris démesuré qui le consumera tout entier. Mais comment ne pas être passionné, exalté dans cette Russie hors normes qui s'étend presque à l'infini, qui ne connaît presque pas de limite.
Alors dans cette étendue infinie, on peut se dire que tout est permis, tel Ivan, le cadet, qui ne croit en rien, qui est cynique qui est froid et ne cherche que son intérêt. Mais sans toutefois être totalement insensible, il est capable d'amour, de foi...
Mais pas comme Alexei, benjamin de la fratrie, le mystique, qui est la vertu incarnée, le vrai héros de ce roman et semble être l'avatar de Dostoievski dans ce livre même si les frères ne sont qu'une et même personne.
L'auteur parle de nouveau de ses sujets de prédilection ici, la religion, la morale, la politique, le crime. Tous les personnes sont plus authentiques les uns que les autres, on a droit à un examen clinique de leurs personnalités, de leurs sentiments, surtout à l'intention des personnages féminins qui sont tous très forts. Édifice fascinant, monument de la littérature, histoire d'un père indigne qui engendre tellement d'âmes distinctes. On passe du rire aux larmes, de la religion à l'athéisme, du socialisme au conservatisme. Tous les points de vue sont exposés, à nous de choisir. Tout est permis, enfin, si Dieu n'existe pas. Chef-d’œuvre absolu.