Start-up nation

Bouquin dont le propos initial est sans doute d'aborder la question ô combien cruciale des technologies de surveillance et de la façon dont elles permettent le contrôle de nos vies que ce soit sous des aspects répressifs ou simplement marchands. Mais qui va au-delà, ce qui est d'une certaine façon une qualité, mais aussi un défaut.

Ça commence très bien, en mode choral, avec quatre personnages qui sont tous abordés par un mystérieux, séduisant et dangereux personnage qui utilise donc ces technologies de l'information pour les manipuler et en obtenir ce qu'il cherche (qu'on ne perçoit pas clairement à ce stade). Quatre très bons premiers chapitres donc, qui posent le décor.

Malheureusement, ça se disperse un peu par la suite et l'intrigue a un peu tendance à partir dans des méandres et digressions diverses : algorithmes aboutissant à une amélioration de la situation de catégories de personnes particulièrement défavorisées socialement, barbouzeries, maltraitance infantile de la part d'un père omnipotent et même méditations d'un écrivain solitaire lors d'une obscure fête du livre (autobiographique, peut-être). Tout ça apparaissant de façon quelque peu déstructurée et ne contribuant guère, du coup, à la fluidité de la lecture.

Pour autant, l'ensemble ne retombe pas si mal sur ses pattes en fin de roman, tel un chat de Schrödinger que l'auteur aurait lâché du deuxième étage. Il n'en demeure pas moins que la trame générale est à certains égards complexe à reconstituer par le lecteur, comme l'est le réel puissance des intelligences artificielles. Mais quelque part, peu importe. En fait, la vraie réussite du bouquin est son côté dystopique, voire même critique sociale, puisque le monde décrit par le bouquin n'est guère éloigné du notre et l'atmosphère triste à pleurer de certains lieux (Paris en général et la Défense en particulier, la salle des fêtes d'une petite station balnéaire) y est fort bien rendue.