après avoir jarté à coups de lattes les quelques bûches et embûches qui obstruaient la voie qui mène aux "9 salopards",
j'ai enfin pu découvrir cette nouvelle surprise de tristan-édern vaquette, qui aurait pu faire office de digression à la démesure de son roman en cours ("du champagne, un cadavre et des putes"), tant les thématiques abordées complètent avec justesse une partie de celles déployées dans les aventures d'alice.


grand bien a donc pris à l'auteur d'avoir su tirer de son expérience aux assises un ouvrage à part, qui prolonge et creuse des questions qui ont donné au long cours la consistance et la cohérence de son oeuvre, tout en lui trouvant une forme renouvelée.
"tout se tient", en effet. 
si ce nouveau pamphlet tire dans tous les sens, il n'en vise pas moins juste et ce n'est pas sa moindre qualité que d'avoir su tenir la clarté comme fil rouge parmi son écheveau de bataille.


chacun sait que l'institution judiciaire est une usine à gaz, et la première prouesse du bouquin est d'avoir su rendre compréhensible le déroulement d'un procès en assises, pour mieux le décortiquer et en faire ressortir l'aspect systémique, de classe, et donc moins adapté à sauver l'individu (quel qu'il soit) qu'à sauvegarder la toute-puissance de l'administration. ainsi se bétonne chaque jour davantage le scandaleux hold-up de l'Etat contre la Société.


pourtant, malgré la gravité du sujet, l'amertume et la colère qu'engendre ce constat, nous retrouvons la soupape vaquettienne qui fait évacuer la vapeur avec panache. chaque digression, chaque malice littéraire, chaque confession rageuse, agrémentent formellement la complexité de l'affaire, et reviennent, quel que soit l'angle d'attaque, à la prendre très au sérieux.
si le style pamphlétaire est moins "hardcore" que promis, il faut reconnaître que l'acte héroïque réside surtout dans la publication en elle-même, putain de coup-de-boule-et-coup-de-genou, bien senti et bien visé. ce courage-là, sans doute n'en existe-t-il pas deux à le partager parmi ses demi-collègues (à ce titre, la convocation d'émile henry pour clore le livre n'en est que plus implacable, plus savoureuse aussi), avec autant de sincérité, et de générosité. 
ce geste fait pour cette femme à qui le texte est dédié, ce geste au-delà, bien au-delà, du littéraire, bouleverse.
et donne envie de renverser la marmite.

TampaxRomana
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le 6 juil. 2021

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