Les Primitifs flamands

Résumé : "Celui qui parle de la vie et des oeuvres d'un artiste installe, pour ainsi dire, ses auditeurs dans des fauteuils et les invite à admirer sous divers angles une statue installée devant eux sur un socle pivotant. Mais celui qui essaie de décrire un phénomène aussi vaste et complexe que la peinture primitive flamande arrache ses auditeurs à leur foyer et leur demande de l'accompagner au long d'une visite ardue parmi les vestiges d'une ville ancienne, en partie conservée, en partie en ruine, en partie enfouie. Confronté à cette tâche, je ne pouvais me conduire comme un archéologue qui emmènerait un groupe de ses confrères droit aux fouilles les plus récentes. Je devais plutôt me contenter d'un rôle de cicérone qui, sans éviter les excavations en cours et s'aventurant même à l'occasion dans des fourrés épais où les travaux ont à peine commencé ( ... ) doit s'attacher à donner une idée générale du site et de la topographie de la ville ancienne et en faire valoir les points de vue célèbres, si familiers soient-ils à beaucoup de membres de son groupe. Il lui faut aussi revenir souvent sur les mêmes lieux, pour les revoir à la lumière d'impressions nouvellement reçues et, de temps à autre, signaler des perspectives inattendues qui se révèlent entre deux pans de murs". C'est ainsi, trop modestement, qu'Erwin Panofsky présentait en 1953 le livre dont nous donnons aujourd'hui la traduction française. Inutile de le dire (et tous les lecteurs du Dürer paru dans la même collection en devineront quelque chose), les "perspectives inattendues" s'ouvrent ici bien souvent sur les "points de vue familiers" et tout contribue à faire de ce livre, où la passion de l'exposition qui animait Panofsky culmine en une suite de ricochets lumineux, le roman véridique des origines de la Renaissance septentrionale. Lorsque l'on s'étonne de l'érudition partout ici déployée, c'est pour s'étonner davantage encore de la voir si parfaitement conduite et servante fidèle d'une exégèse où l'histoire de l'art continûment se fait pensée.