Un roman Young Adult de fantasy sur lequel je suis à la fois frustré et mitigé. On a un univers très intéressant, avec son histoire, sa dynamique, ses règles, ses personnages qui forment un tout assez cohérent qui fonctionne plutôt bien. Même si on reste dans un cadre assez classique, avec les quatre éléments fondamentaux, une quête, une prophétie et des élus, on y retrouve quand même des aspects qui nous donnent pas l’impression de relire encore la même chose. L’approche de l’univers peut se montrer original dans ce qu’elle essaye de mettre en place au niveau géopolitique ou social, mais aussi sur le passé des personnages et comment leur histoire les a menés là où ils sont au moment de l’intrigue. Oui, on devinera assez vite certaines des révélations les plus importantes ; mais ça s’inscrit plutôt bien dans la logique narrative de l’intrigue, parce que le mystère n’était pas le cœur du récit, seulement sa porte d’entrée.
Toutefois, j’ai eu pas mal de problèmes à la lecture. Si leurs histoires sont intéressantes, j’ai trouvé la plupart des personnages assez plats ou trop ancrés dans leurs archétypes, devenant de fait des stéréotypes. À l’inverse, ceux qui arrivent à aller au-delà donnent l’impression de toujours faire des allers-retours entre cet archétype et ce qu’iels sont amené-e-s à devenir dans le récit. Leurs personnalités, ou leur psychologie, semblent changer du tout au tout entre deux chapitres, parfois on pense avoir franchi un cap pour au bout du compte revenir en arrière trois chapitres plus loin. Même le trio principal (Lucie, Arthur, Christie) n’y échappe pas, avec parfois de nouveaux aspects qui surgissent bien trop tard pour réussir à se développer. Ce qui m’amène au deuxième gros soucis pour moi : le rythme !
La plume de Noémie Vernier est intéressante, parce qu’elle arrive à nous plonger dans son histoire assez efficacement, mais en même temps y’a un soucis de rythme. Les scènes d’action sont fluides et dynamiques, mais elles surgissent parfois sans de réelles raisons. Sans pour autant nous amener dans un tour de montagnes russes qui ne cesserait qu’à la fin, on a le sentiment d’une succession automatique, linéaire de l’intrigue. Les scènes se succèdent les unes après les autres sans qu’on ressente une réelle trame narrative, ou même sans qu’elles ne semblent avoir un effet ou un rôle sur les personnages (certaines morts manquent d’impact). De la même façon, on a des flashbacks très intéressants sur Thalès, ou l’histoire des Quatre Éléments, mais on a parfois la sensation que ça n’arrive pas au bon moment.
La conclusion sera un autre exemple. Même si la structure ne surprend pas (les protagonistes iront récolter les différents éléments de leur quête les uns après les autres), j’ai beaucoup aimé le rôle donné à l’amulette dans le climax. Un climax intéressant, mais on sent que l’autrice était tiraillée entre son idée et la nécessité de respecter certains codes : du coup, on se retrouve avec une bataille finale expédiée qui manque de souffle épique, pour laisser place à une confrontation entre l’Impératrice et Thalès sous une forme plutôt intéressante, surtout dans la façon d’approcher le dénouement. Le rôle de l’amulette, digne des plus McGuffin, sera sans doute la plus grosse surprise de ce roman, et son point fort.
Bref, un peu mitigé à la lecture, parce que l’univers était sympa, certains personnages assez chouettes, et la conclusion m’a bien plu. Toutefois, le manque de contrôle du rythme, rendant la trame trop linéaire ou plate, nuit quand même à l’expérience globale.