Exercice de style pour Gary qui s'essaie ici au grand roman, dans un style plus sophistiqué que ses autres livres. On y parle développement de l'Afrique, colonisation, nationalisme et écologie, vision occidentale bourgeoise et panafricanisme. Et tout cela noyé dans le cynisme des hommes, quelque soit leur origine.
Personne n'est tout blanc, personne n'est tout noir : tous sont gris, avec leurs faiblesses. Gary décrit bien la complexité de la géopolitique avec une grande galerie de personnages, chacun ayant des intérêts personnels différents, et se confrontant aux intérêts du personnage principal auquel tout le roman s'articule : ce fameux Morel, français qui a décidé d'interdire la chasse aux éléphants. Il n'est pas le héros de cette histoire, mais plutôt le personnage secondaire autour duquel gravitent plusieurs héros et héroïnes dont on suit les trajectoires qui s'entrechoquent.
J'ai trouvé que le roman avait de nombreuses fulgurances et dégageait un réellement puissance. Cependant, il aurait gagné à être davantage concis. Ce n'est pas le meilleur de Gary, qui a écrit d'autres livres qui peuvent réellement être qualifiés de chefs d’œuvres. Ce roman n'a pas vieilli, et j'ai été étonné de voir à quel point son analyse était toujours actuelle. Rien n'a changé, pour le pire des choses.