Pas si Simples...
La période fin moyen âge, début Renaissance est une période absolument passionnante pour moi. L’obscurantisme s’efface peu à peu au profit de nouvelles connaissances et découvertes. La science prend...
Par
le 18 sept. 2019
2 j'aime
Critique publiée dans le cadre des Explorateurs de livres 2019 du site lecteurs.com
Les Simples était le roman qui m'attirait le plus après lecture du synopsis. L'aspect historique et documentaire était prometteur : découvrir la vie quotidienne de bonnes sœurs au XVIème siècle ; découvrir l'usage des "simples", les plantes médicinales qui sont le titre du livre et donc en toute logique au cœur de l'intrigue du roman ; découvrir une intrigue tirant partie de ces deux éléments. L'originalité du thème est donc très affirmée. Mais qu'en est-il après lecture ?
D'abord l'aspect documentaire prend peut-être trop de place par rapport à la part du romanesque, nécessaire à mon propre intérêt de lecteur. Cela se ressent notamment dans le style, qui m'a souvent fait penser à celui de Jean-Marie Says dans sa biographie de Raiffeisen, c'est-à-dire à celui d'une biographie, intéressante certes, mais très sérieuse, un travail quasi-universitaire. Et cela a gâché un peu mon plaisir de lecture à la longue. Le style est trop rigide, trop factuel pour laisser vraiment place à l'imagination. J'aurais aimé plus d'obscurité, plus de non dits, plus de zones d'ombres dans un récit éloigné dans le temps, et se déroulant à une époque aussi sombre pour la France. C'est comme si la masse d'informations documentaire avait eu un peu de mal à être digérée, et avait été restituée en partie telle quelle dans le roman.
L'intrigue est néanmoins bien ficelée, des péripéties il y en a et à foison, la plongée dans le presqu'inconnu (j 'ai quand même certains souvenirs de classe préparatoire, et d’auteurs comme Agrippa d'Aubigné) qu'est cette période des guerres de religion est très plaisante. On y découvre les mœurs de la vie quotidienne, les rapports sociaux entre les classes, et la puissance du commérage, à une époque où la communication se limite aux lettres, aux hérauts et aux messagers.
Yannick Grannec a eu comme inspiration le fabuleux Manuscrit de Voynich (cité dans la bibliographie à la fin de l'ouvrage), que je vous invite à découvrir dans sa transcription intégrale en ligne. On se plaît donc à voir le lien qu'elle a imaginé pour son histoire avec cet ouvrage mystérieux. Mais l'usage des plantes, pourtant vendeur, n'est pas utilisé à mon sens à son plein potentiel. Au début de certains chapitres, on trouve par exemple des recettes à base de plantes utilisées dans le livre, sous formes de petits poèmes en vers, qui nous mettent vraiment dans l'ambiance de l'époque, ce qui est un très bon point. Mais dans le fil de l'histoire, les discussions menées par les personnages autour des plantes m'ont trop exclu, ramené que j'étais au rang de simple spectateur ignorant presque tout des plantes sauvages.
Enfin, dernier point négatif, la panoplie trop nombreuse des personnages et en particulier des personnages secondaires. Je me suis perdu à de nombreuses reprises, à me demander qui était qui. Les sœurs sont vraiment nombreuses et ont des noms qui se ressemblent beaucoup les uns les autres. L'un des personnages, cependant, sort vraiment du lot, c'est Maître Scabé, le chirurgien-barbier. J'ai découvert une autre facette du talent d'écriture de Yannick Grannec, qui parvient à faire vivre le personnage avec ses propres mots (encore une fois c'est l'usage de la première personne du singulier qui donne vraiment du corps au texte), un peu à la façon d'un Céline avec son Bardamu. Peut-être que le point de vue de chaque personnage aurait pu se faire sous cette forme, renforçant d'autant les écarts sociaux et hiérarchiques des personnages.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs livres de 2019
Créée
le 6 sept. 2019
Critique lue 1.3K fois
3 j'aime
D'autres avis sur Les Simples
La période fin moyen âge, début Renaissance est une période absolument passionnante pour moi. L’obscurantisme s’efface peu à peu au profit de nouvelles connaissances et découvertes. La science prend...
Par
le 18 sept. 2019
2 j'aime
J'avais lu le bal mécanique et j'ai éprouvé un grand plaisir à lire les simples. Toujours autant de travail de recherche. Beaucoup de documentation avant de prendre la plume. Un style adapté et un...
Par
le 18 févr. 2020
1 j'aime
En 1584, en Provence, l'Abbaye de Notre Dame du loup est prospère car dispensée de commende par le roi. Le nouvel évêque entend s'approprier cette manne financière. Il envoie donc son jeune vicaire...
Par
le 9 sept. 2019
Du même critique
1954, l'année de la sortie des Sept Samouraï d'Akira Kurosawa chez Tôhô, la même maison de production qui produit Godzilla la même année. 1954 a donc été l'année de sortie d'un des plus grands films...
le 12 avr. 2018
9 j'aime
8
L'album commence sur les chapeaux de roue et enchaîne les excellents tubes. Mais après Californication, on tombe dans un monde de musiques agréables mais rapidement oubliables. Seule la dernière...
le 16 mars 2018
7 j'aime
3
Un album qui ne possède pas individuellement de morceau dont le thème soit mémorable, mais qui constitue un bloc cohérent, à apprécier dans l'enchaînement des morceaux, les échos qu'ils se font entre...
le 19 mars 2018
5 j'aime
2