Alexis Le Rossignol, désormais bien installé dans son métier d’humoriste se tente à la fiction sur le thème de ce qui est son cheval de bataille dans son premier métier : la ruralité. La vraie ruralité, la profonde, celle dont on ne parle que les soirs d'élections pour dire que le Front National y bat des records ou lorsqu'un fait divers sordide la place au centre de la carte pour quelques jours. Ou peut-être pas. La ruralité a pris depuis quelques années une place d'importance dans le débat public français, le bon sens rural est revenu à la mode, plus que ça, la province est devenue cool. On s'en réclame, on veut y retourner ou on se prend à rêver d'y déménager autour d'une discussion à sa terrasse de café favorite.

C'est peut être là que le bât blesse, du moins dans la première partie de l'ouvrage. L'auteur nous brosse le portrait d'un monde qu'il connaît incontestablement bien à l'aide de son personnage, Antonin, jeune lycéen issu d'une famille modeste évoluant dans ce décors triste mais pas trop, plurielle mais si monotone à la fois, mouvant mais terriblement figé. Malheureusement, Alexis Le Rossignol semble ne pas réussir à aller suffisamment loin et à la fin de chacun des moments sur lesquels il nous ouvre une porte, l'on a une impression de pas assez. A se demander si l'auteur n'a pas utilisé ce livre pour ajouter sa pierre au débat public en taillant en pièce les préjugés qui frappent la ruralité quitte à en oublier de porter sa fiction à son plein potentiel.

Car il nous offre une belle vision de ce que cela aurait pu être avec sa deuxième partie (qui dure une trentaine de pages sur les 180 du bouquin..) qui se concentre sur une soirée passée par Antonin en boîte de nuit avec deux jeunes bourgeoises du cru. Ce passage est au contraire très bien mené et maîtrisé, on s'y voit dans cette boite pourrie, Le Palace, on se rappel de nos premières soirées dans ces endroits glauques et étranges, de cette excitation tordue qui pouvait nous prendre.

Ces trente dernières pages m'ont presque donné l'impression que je venais de lire une autre œuvre, qu'Alexis Le Rossignol avait placé ni vu ni connu une nouvelle d'une grande qualité à la fin de son roman moyen sans que personne ne s'en rende compte. C'est dommage, il aurait sans doute fallu en dire moins pour le dire mieux.

YoungWasabi
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le 5 mars 2023

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