Tout ce qu'on fait en soupirant est taché de néant

L'auteur compare la société de Port-Royal au XVIIe siècle, polarisée par Dieu et persécutée par Louis XIV, avec le monde actuel dont la valeur suprême est l'argent.
Une galerie de portraits de jansénistes (Blaise Pascal, Angélique Arnauld, Jean Racine ou Saint-Cyran) se précise par petites touches dans des textes courts, anecdotiques et profonds.
D'autres portraits de contemporains voisinent avec des pensées sur le temps, la vie, les livres ou l'argent.


"Lire et écrire sont deux points de résistance à l'absolutisme du monde. On peut en trouver d'autres, comme cette gratitude qui accompagne la vue d'un soleil couchant, la joie éternelle de se sentir mortel.
Je ne suis pas fait pour ce monde. J'espère que je serai fait pour l'autre."


"Il n'y a aucune différence entre croire et vivre."


"Pourquoi voyager ? Je fais dix mètres dehors et je suis envahi de visions, submergé : je ne marche pas sous le ciel mais au fond de lui, avec sur mon crâne des tonnes de bleu. Je suffoque de tant respirer, rassasié d'air et de lumière (...) La vie a une densité explosive. Un minuscule caillou contient tous les royaumes.
Quand je sens les cristaux de l'air glacé heurter mes joues, je sais immédiatement que j'existe et que Dieu existe avec moi. Il n'y a qu'une seule vie et elle est sans fin."


"Dieu tenait au dix-septième siècle la place qu'aujourd'hui tient l'argent. Les dégâts étaient moindres."


"Les livres sont des cloîtres de papier. On peut s'y promener jour et nuit. Le jardin au centre des cloîtres symbolise le paradis. Avec le temps, je suis devenu jardinier au paradis, passant chaque matin un râteau d'encre sur une étroite terre de papier blanc. Il importe que tout soit harmonieux : le paradis n'est pas fait pour qu'on y vive mais pour qu'on le contemple et que, d'un seul coup d'œil sur lui, l'âme soit réconfortée."


"L'art de vivre consiste à garder intact le sentiment de la vie et à ne jamais déserter le point d'émerveillement et de sidération qui seul permet à l'âme de voir."


"Chaque jour a son poison et, pour qui sait voir, son antidote."


"Cette étrange gaieté sans laquelle rien de vrai ne peut se faire."


"La sainteté c'est juste de ne pas faire vivre le mal qu'on a en soi."


"Pascal a trois ans quand sa mère meurt. La pensée la remplace aussitôt. Elle fait le même travail impossible de rassurance."


"Toutes nos pensées reviennent à chercher la clé d'un paradis dont la porte est ouverte."


"Le savant casse les atomes comme un enfant éventre sa poupée pour voir ce qu'il y a dedans. Le poète est un enfant qui peigne sa poupée avec un peigne en or. Il y a la même différence entre la science et la poésie qu'entre un viol et un amour profond."


"Quand je serai mort je serai chez moi."


"La vie a besoin de livres comme les nuages ont besoin des flaques d'eau pour s'y mirer et s'y connaître."


"Les ablutions musicales des oiseaux sont toute ma religion."


"Il n'y a aucune différence entre le paradis et l'enfer."


"Ma mère ne m'aimait point", dit Angélique Arnauld. Petite fille elle recherche la compagnie consolante de son grand-père à qui elle fait promettre de lui donner plus tard une abbaye. Tout Port-Royal s'est élevé sur cette carence de l'amour maternel."


"La mort nous prendra tous un à un, aussi innocemment qu'une petite fille cueillant une à une les fleurs d'un pré."


"Les médecins imposent à Angélique Arnauld, dans ses derniers jours, de boire du lait de femme. Celle que sa mère "n'aimait point" juge cette nourriture pleine d'amertume. Il y a quelque chose d'inguérissable qui traverse chaque vie de part en part et n'empêche ni la joie ni l'amour."


"Savoir vraiment quelque chose c'est savoir, comme les nouveaux-nés et les vieillards, que nous baignons dans une lumière d'ignorance."


"Je demande à un livre qu'il me donne du courage et ne me trompe sur rien."

Créée

le 2 mai 2016

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