Ecrire en toute ignorance de cause

« Frédéric Lenoir est philosophe et sociologue » mais…………. il n'y connaît rien au sujet qu'il aborde dans ce livre. Il aurait pu s'informer, creuser, combler les vides de son ignorance avant et pour aborder la question d'un point de vue éclairé ou, avec honnêteté, annoncer dès le départ qu'il nous proposait là une suite d'assertions toutes personnelles et d'approximations (parfois ésotériques (#télépathie)) sur un sujet qui lui était affectivement cher mais intellectuellement lointain. Mais non, « Frédéric Lenoir est philosophe et sociologue » et, comme Michel Onfray sur le même sujet, semble croire que cela suffise pour affirmer, critiquer, contredire et écrire un livre sur un thème dont il semble tout ignorer si ce n'est ce qu'en disent Aymeric Caron, Matthieu Ricard et Jocelyne Porcher, quand ce n'est pas le pape François ou toute la clique religieuse. Là est l'un des nombreux écueils de cet ouvrage : le corpus théorique est pauvre, pas sérieux ni crédible (et si Lenoir convoquait le quidam du coin pour étayer son propos, on n'en serait pas surpris…). Il y a ici et là, rarement, des auteur.e.s ayant véritablement travaillé la question, mais rien n'est développé et ils et elles se perdent dans le fatras de citations tirées des niaiseries qu'on voit tourner sur Facebook. Leurs analyses et réflexions sont mises côte-à-côte avec les vidéos Youtube à l'indigence intellectuelle crasse, reliées à une expérience personnelle travaillée par les croyances religieuses, spiritualistes et pseudo-scientifiques et les biais de pensée rendant toutes les conclusions de Lenoir subjectives et sans véritable intérêt.
Dans cet ouvrage, l'auteur dit tout et n'importe quoi (enfin... surtout n'importe quoi), laisse de côté (sans doute parce qu'il les ignore) tous les débats et problématiques profondes abordés dans le milieu militant et au sein de la communauté philosophique et scientifique. Ce livre est un prêchi-prêcha de pensées neuneu, de confusionnisme, d'idioties, tout cela énoncé sur le ton de la sagesse, du savoir et de la profonde réflexion.
Personne n'apprendra rien à lire cet ouvrage, celles et ceux connaissant le sujet seront au minimum agacé.e.s mais plus certainement horrifié.e.s (pour exemple, Lenoir présente le meurtre (abattage) à ferme comme étant LA solution à la maltraitance animale), les autres (et c'est là le plus grave) seront trompé.e.s et égaré.e.s.
Cet ouvrage ne parle pas des animaux non humains, il parle à leur place pour servir… l'humain, encore et toujours. Lenoir milite pour un nouvel humanisme qui prendrait en compte les animaux non humains mais non pas tant pour ces derniers que pour l'humain lui-même. Comme toujours chez lui, il se saisit d'un thème pour servir sa philosophie du développement personnel : la recherche du bonheur, de la paix, de la joie, de l'élévation… Mais ici ce n'est pas aux mânes de Spinoza qu'il nuit mais à celles et ceux qu'il dit vouloir prendre en compte : les animaux non humains ; il nuit à une cause, celle de leur libération du joug humain ; il nuit à la lutte antispéciste dont il ignore tout mais qu'il se permet de dénoncer.
En conclusion : Il faut en finir avec cette clique de pseudo sages de librairie se citant les uns les autres et n'ayant de crédit que ce que leurs bons lecteurs en quête de guides leur accordent.