Le titre parle de lui-même. Mais comment peut-on bien apprendre à lire à un enfant de 3 ans, et surtout pourquoi, à moins d’en faire une bête de foire ?


La méthode proposée est très simple mais demande un certain engagement de la part des parents – comme pour tout ce qui concerne l’éducation bienveillante de toutes façons. Le tout début consiste à donner à l’enfant des mots écrits au feutre noir sur de grands bristols. Mais pas n’importe quels mots. Des mots chargés de sens pour l’enfant, des mots chargés d’affect. Chaque jour ou chaque semaine, on lui en donne un nouveau. Puis, par des jeux, on lui apprend à les reconnaître. Jamais on ne doit pointer son échec, si la bonne réponse tarde à venir on la lui souffle très vite. Tout doit passer par le plaisir et la bonne volonté de l’enfant, toujours on doit s’adapter à sa progression et à sa demande.


J’en entends, là-bas, dans le fond, qui grommellent que ça ressemble fort à cette saleté de méthode globale et que ça ne peut que donner des enfants qui connaissent par cœur des images. Honnêtement, c’est aussi ce que je me suis dit au début. Mais en fait, le but est d’amener l’enfant à exploiter son potentiel de petit Champollion. C’est lui, qui, à force, se rendra compte des ressemblances entre les mots et qui les pointera. Et c’est au parent de sauter sur l’occasion d’approfondir la question. Tiens, rien que ce matin, je montre à mon koala (31 mois) « papa » : « Tu reconnais le mot ? ». « C’est maman ! » me dit-il. « Tu as tout à fait raison ! Il y a un A aussi après la première lettre dans maman ! ». Petit à petit, au fur et à mesure que l’enfant remarquera des correspondances, on créera des « maisons » de sons : pour le « on », le « in », le « ain », etc. Mais, toujours, en suivant le rythme de l’enfant, son cheminement, et les mots qu’il connaît et réclame.


Cela ne résout pas la question du pourquoi. L’auteure est très claire : cette méthode n’est en rien à opposer à la méthode syllabique que l’enfant rencontrera à l’école. Peut-être ne lira-t-il pas couramment à l’entrée en primaire, ou peut-être que oui. Le but n’est pas là. Simplement, le petit sera déjà familiarisé avec le maniement de l’écrit, peut-être aura-t-il déjà trouvé le code et sera plus à l’aise que d’apprendre abstraitement un b-a-ba (dont l’expérience avec mes aînées m’a montré qu’il avait ses limites). Il sera fier d’apprendre de lui-même, et il aura appris que la lecture est un plaisir et non juste une contrainte scolaire à apprendre dans la douleur.


Pour ce qui est de la forme, le livre est clair, bien écrit, progressif, émaillé d’exemples, d’idées de jeux. On peut exploiter toutes les activités proposées, ou pas. Et, à chaque fois, l’auteure rappelle que tout dépend du bon vouloir de l’enfant et que jamais ces activités ne doivent devenir une corvée. Si c’est un jeu, on n’a rien à perdre à essayer n’est-ce pas ? Je teste et je vous raconte.

Créée

le 6 mai 2015

Critique lue 80 fois

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