Les oubliées d’un Islam naissant


Assia Djebar, dans ce roman, tente de donner une vie, un corps, à un certain nombre de personnage féminin de l’Islam naissant.


On y trouve un ensemble de récits, rêves, songes, comme autant de petites nouvelles, qui dressent le portrait d’une péninsule Arabique plus ouverte et diverse qu’imaginé, et peut-être même, plus diverse qu’elle ne peut l’être aujourd’hui.


Le destin de ces femmes est imaginé à partir de quelques bribes, hadits, commentaires issus de la tradition et des chroniques officielles, pour arriver à leur donner une chair, une existence, qui aura été effacée. Les destins sont divers, ainsi que les profils : guerrières, aventurières, prophétesses, concurrentes, mais aussi pieuses, soumises ou insoumises.


Si le récit propose une vision à la fois très poétique et vivante, on ressort pourtant de ce livre avec une sorte d’amertume, de désespoir, face à l’oublie auquel ont été confronté ces différents destins, peut-être même encore aujourd’hui. Comme si la survie de l’Islam ne pouvait passer que par l’amputation et l’effacement d’une moitié de notre humanité.


Le destin le plus emblématique de cette disparition est peut-être celui de Fatima, fille du prophète, qui malgré sa révolte, ne peut ni succéder, ni hériter.

Fatima, la dépouillée de ses droits, la première en tête de toute une interminable procession de filles dont la déshérence de fait, souvent appliquée par les frères, les oncles, les fils eux-mêmes, tentera de s’instaurer pour endiguer peu à peu l’insupportable révolution féministe de l’Islam en ce VIIe siècle chrétien!


babils1
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le 28 mai 2025

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