Lumière d'Islam: Institutions, art et spiritualité dans la Cité musulmane

Résumé · "Une civilisation s´aborde le plus souvent par ses traces. C´est ainsi que procèdent les archéologues, attirés d´abord par des objets matériels dont le sens leur échappe en partie mais dont ils pressentent la valeur et l´importance dans un contexte qu´ils s´efforcent ensuite de restituer. En ce qui concerne l´islam, ces traces ne manquent pas et elles ont fasciné plus d´un voyageur, de Marco Polo aux peintres orientalistes de l´époque romantique et coloniale, et au touriste moderne: traces visuelles et sonores, rencontres humaines d´une qualité particulière qui vont de l´appel du muezzin entendu dès la première aube en terre musulmane à la sereine géométrie des arabesques et à l´accueil digne et chaleureux de l´artisan dans son échoppe ou du Bédouin dans sa tente. Pourtant, ce n´est pas par elles que moi-même et d´autres jeunes gens de ma génération - étudiants durant la deuxième guerre mondiale qui n´avions que les livres pour nous ouvrir le monde - avons connu l´islam. Notre démarche fut inverse et c´est de l´intérieur, par ses penseurs et ses mystiques, que l´islam s´est révélé à nous. De son extérieur, nous n´avions rien éprouvé que de rébarbatif, les images marquantes étant celles que nous avait léguées l´histoire telle que laïquement et obligatoirement enseignée : Roland à Roncevaux, Charles Martel à Poitiers, les Barbaresques, la conquête de l´Algérie et la ""révolte"" d´Abelkader, et les seules impressions humaines étant celles de notre enfance provinciale, réduites aux rencontres fortuites, toutes distances gardées, avec le ""sidi"" marchand de ballons ou de tapis."