Maine raconte l'histoire de quatre femmes de la côte Est. Quatre femmes de la même famille. Alice, la mère, 83 ans, atrabilaire et revêche, qui vit seule dans le cottage en bord de mer que son mari aujourd'hui décédé a construit il y a des décennies. Kathleen, sa fille, ex-alcoolique partie en Californie où elle élève des vers de terre avec son conjoint hippie. Maggie, sa petite fille (la fille de Kathleen), new-yorkaise en début de grossesse abandonnée par son compagnon photographe et coureur. Et enfin Anne-Marie, sa belle-fille, femme au foyer modèle (quoique), adepte du country club et des soirées caritatives. Quatre femmes se retrouvant au cours d'un été où leur existence pourrait basculer.

Une histoire de femmes où les caractères sont bien campés et les interactions parfaitement menées. On n'est certes pas loin de la caricature mais si le trait est parfois grossier, l'ensemble tient parfaitement la route. Parce qu'elles sont d'âge et de statuts sociaux différents, ces quatre-là représentent en quelque sorte l'évolution de la condition féminine aux États-Unis depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Je dis bien en quelque sorte, ce roman n'ayant rien d'une étude sociologique. D'ailleurs, au-delà de cet aspect, c'est surtout l'image de la famille qui m'a intéressé. J. Courtney Sullivan retranscrit à merveille les rancœurs, les non-dits, les traumatismes d'enfance qui perdurent à l'âge adulte, les secrets enfouis qui ressurgissent, les apparences trompeuses que l'on affiche devant nos proches pour éviter tout conflit. Et puis elle sait aussi donner le petit coup d'ongle qui fait sauter le vernis et révèle les choses telles qu'elles sont vraiment. Forcément, ce n'est pas joli-joli mais c'est tout ce qui fait le sel de son récit.

Quelques bémols ? L'écriture est simple et sans charme. La fin m'a beaucoup déçu puisqu'en dehors de Kathleen, pour qui la boucle semble bouclée, on laisse les trois autres en plan à des moments particulièrement importants de leur vie. Mais pour le reste, j'ai dévoré ces 450 pages avec gourmandise. Un sujet pourtant très éloigné de mes habituelles préoccupations. Je peux même avouer que je me réjouissais avant coup de passer à la moulinette une histoire 100% féminine dont mon instinct de mâle allait pouvoir faire du petit bois. Comme quoi, il est bon parfois de faire voler en éclat ses préjugés de lecteur...
jerome60
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le 25 août 2014

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