"Tel était leur petit coin de paradis. La famille Kelleher y avait passé tous les étés depuis."

Après avoir dévoré Les Débutantes, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé ce talent qu'à J. Courtney Sullivan à construire ses personnages féminins et à les faire parler. Les dialogues sont justes et les portraits sont profondément travaillés. Comme pour son premier roman, Maine est une histoire à quatre voix. Ici, ce ne sont pas des amies que nous retrouvons mais des mères et des filles.

Ce roman est une immersion dans un bout de vie de la famille Kelleher que l'on découvre à travers quatre de ses membres: la grand-mère froide, sa fille ingrate, sa petite-fille indépendante, sa belle-fille parfaite femme au foyer… On se retrouve au milieu de ces femmes et comme un invité invisible on observe la vie de cette famille issue de l'immigration irlandaise catholique. On découvre comment leur culture, leurs racines, leur jeunesse, la relation avec les autres membres de leur famille ont façonné les adultes qu'elles sont devenues. On partage leurs secrets et leurs espoirs. On ressent leurs rancunes et leurs culpabilités. On comprend leurs regrets et remords.
Quatre femmes, trois générations. Chaque personnage est différent dans sa façon de vivre, ses convictions ou sa de perception de la société. Outre le lien de famille, une chose les unit : elles ont toutes leurs faiblesses et leur part d'ombre. Au fil des chapitres, on arrive à se reconnaître dans chacune d'elles. En fermant le livre, c'est à notre propre famille que l'on pense, et comme les personnages du roman, on ressasse les frustrations et les doutes, on se remet en question.

Maine est un roman léger, on ne retrouve pas la dynamique et le rythme entraînant de Les Débutantes, mais on se laisse facilement emporter par l'histoire. On passe quelques instants à leurs côtés dans cette maison si parfaite qui cristallise les tensions et tremble à chaque séisme familial. Cette belle maison de vacances, à Cape Neddick, au bord de l'océan.
Cette belle maison du Maine.