Anarques, crimes et sciences de la vie.

La question de la fraude est assez douloureuse pour les scientifiques. Robert K. Merton pensait au départ (à sa décharge il se rétractera par la suite) que la fraude était quasiment absente dans les publications scientifiques, puisque les valeurs des scientifiques l'empêcheraient.
Mais, des travaux plus récents en sociologie des sciences, des questionnaires envoyés à des chercheurs, tendent à montrer que son ampleur a été grandement sous estimé. Les interrogations ont commencé à voir le jour à partir du moment ou des méta analyses ont montré que beaucoup de travaux partant d'une hypothèse voyaient leur hypothèses se confirmés. Rien d'inquiétant à priori, mais le soucis étant que les articles concluant sur un plan scientifique sont devenus ses dernières années, beaucoup plus nombreux.
La fraude prend plusieurs formes : il y a des formes qui ne sont sommes pas faites avec de mauvaises intentions, mais aussi des choses beaucoup plus discutables comme le plagiat, la modification de résultats d'une expérience. Aussi une des premières difficultés résident dans le fait de caractériser la fraude. Le système judiciaire n'est pas préparé à juger la fraude, qui est moralement condamnable, mais pas juridiquement répréhensible, en tout cas en France (ses dernières années, quelques voix se sont élevés pour demander que la fraude soit prise en compte par la loi). Ensuite, qu'est ce que la fraude ? Le p hacking qui consiste à choisir dans des variables uniquement celle qui sont statistiquement significative est il une fraude ?
Une des grandes forces de ce livre est de souligner que la fraude est fortement lié à quelques aspects de la recherche. La logique du publish or perish, la pression mise sur les chercheurs y contribue grandement. Aussi, il est difficile de faire une typologie des fraudeurs. Il est préférable de parler de "situation à risque" (ex : un doctorant tenu de publier un article pour valider son doctorat).
Accessible, c'est un ouvrage de vulgarisation qui aborde un sujet sensible, en se gardant bien de prononcer des condamnations morales.