Mazie, sainte patronne des fauchés et des assoiffés par Anaïs Alexandre

Parfois, au détour d'un roman, on rencontre un personnage incroyable. Tellement incroyable qu'on souhaiterai le rencontrer en vrai et échanger avec lui sur sa vie et ses expériences. Mazie est de ceux là, c'est une femme entière et extraordinairement indépendante. Même une fois le livre refermé Mazie est encore là, elle m'a marquée de façon indélébile.


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Enfant Mazie est recueilli par sa sœur Rosie et son beau-frère Louis. Tout de suite elle est attirée par la rue, par le bourdonnement de la vie sur les pavés. Jeune femme, elle travaille à la billetterie du cinéma Venice dans un quartier populaire de Manhattan. Elle voit passer sur le trottoir des immigrés, des diseuses de bonnes aventure, des mafieux, quelques religieuses et tout un monde bigarré. Malgré la prohibition, elle et ces amis n’hésitent pas à boire une bonne partie de la nuit. Puis très vite c'est la Grande dépression et Mazie voit affluer les sans-abris. Effarée par la misère qui l'entoure elle décide de leur venir en aide. Ce roman, à plusieurs voix, raconte la vie de Mazie de son arrivée à New-York jusqu'à sa mort.


On plonge dans le New York des années 20 comme dans un tourbillon. Les personnages sont hauts en couleur et plein de panache. L'histoire nous est racontée par Mazzie, par des personnes qui l'ont connus et par les descendants de ceux-ci. Cela renforce le rythme du livre et l'idée de vitesse du récit. On est réellement happé par l'ambiance un peu folle du livre.


La raison pour laquelle je n'arrivais pas à la lâcher c’est surtout Mazzie elle-même. C’est une femme avec ces contradictions, ces renoncements et ses misères. Mais c'est surtout une femmes forte et libre. Sa situation familiale l’empêche d'aller où elle le souhaite mais elle reste libre dans sa tête et dans son quotidien. Les choix qu'elle fait sont des choix d'amour, pour ces sœurs principalement. Car malgré son penchant pour l'alcool et les histoires d'un soir elle est profondément soucieuse en empathique avec les gens qui l'entoure. Elle arrive à se mettre à leurs places, à les comprendre. Elle va nouer une très belle amitié avec une religieuse, sœur Ti, qui contribue à son ouverture aux autres.


Le roman interroge les rapports entre femmes, que se soit entre sœurs ou entre amies, avec justesse. Il pose aussi la question du libre arbitre et du choix entre ses rêves et ses obligations familiales.


Le choix d'un roman polyphonique permet de brosser un portrait complet et nuancé de l'héroïne. Le narrateur est omnipotent et connait même des choses que Mazie ignore. Cela donne une autre saveur au récit et au personnage. A la fin on a vraiment l'impression de l'avoir côtoyé nous même.


C’est un très beau parcours de femme, très inspirant.


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Anaïs_Alexandre
9

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Créée

le 12 mars 2017

Critique lue 246 fois

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