Publié sur L'Homme qui lit :


Denis Safran est une figure emblématique de sa génération, celle de ces médecins retraités qui ont été là au commencement de tout, qui peuvent dire « j’en étais » quand on aborde avec nostalgie l’arrivée de telle ou telle transformation de la médecine, de la société, ou encore d’évènements marquants. Safran, ancien grand patron hospitalier, chef du service d’anesthésie réanimation du sulfureux Hôpital Européen Georges Pompidou, l’HEGP pour les néophytes, est aujourd’hui encore bien actif : à la BRI, la Brigade de Recherche et d’Intervention, à la préfecture de police de Paris ou encore au ministère de l’intérieur.


Le bouquin s’articule autour du récit croisé de Denis Safran, qui nous raconte quelques évènements marquants de sa carrière, et d’un portrait dressé par le journaliste Vincent Remy. On revient au fil des pages sur les jeunes années de Denis Safran, de sa vie d’interne à ses premiers faits d’arme auprès des mandarins de l’époque, ces grands patrons qui tenaient l’hôpital dans leur main, avant que Roselyne Bachelot ne leur enlève ce pouvoir, avec sa loi HPST.


On le suit dans ses aventures pas toujours très claires en Egype, où il fut appelé à s’occuper du Shah d’Iran alors en exil, en entrain de mourir, ou bien encore de son escapade en Corée du Nord, à donner un avis médical sur les blessures de la mère de Kim Jong-Un, qui est pourtant officiellement morte en France d’un cancer du sein…


Safran est aussi et surtout celui qui, à l’instar des autres forces d’intervention d’élite que sont le RAID et le GIGN, se bat pour la médicalisation de la BRI. C’est avec eux qu’il vit ses aventures d’aujourd’hui, puisque retraité de l’hôpital public, frappé par la limite d’âge. C’est avec eux, enfin, qu’il participera aux terribles attentats de Charlie Hebdo, des terrasses parisiennes et du Bataclan.


Médecin de combat est un récit intéressant, bien écrit, vite lu. On y suit avec intérêt ce parcours hors norme, on se drape avec plaisir dans l’évocation nostalgique de ces aventures d’une autre époque. Pourtant, si j’ai globalement apprécié la lecture du bouquin, j’ai quand même été marqué par l’ego impressionnant de Safran, qu’on sent particulièrement dépendant de son statut un peu unique, émoustillé par sa voiture de fonction lui permettant de traverser Paris au « gyro deux tons » , qui adore rappeler son statut de conseiller auprès du ministre. Bref, quelqu’un d’important et d’indispensable, à ses yeux. Pour vous dire, je me suis même demandé comment Safran allait continuer d’exister quand on lui dirait qu’il est trop vieux pour les colonnes d’assaut de la BRI, et plus désiré dans l’entourage d’un nouveau ministre…

Lubrice
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Ma bibliothèque virtuelle, Service de presse et Lus en 2017

Créée

le 22 mars 2017

Critique lue 207 fois

1 j'aime

Brice B

Écrit par

Critique lue 207 fois

1

Du même critique

Le Secret de Brokeback Mountain
Lubrice
9

Critique de Le Secret de Brokeback Mountain par Brice B

Ah, qu'il m'en aura fait verser des larmes, ce film. Il en a fait également couler, de l'encre, lors de sa sortie. Film gay ? Pas vraiment. Le secret de Brokeback Mountain fait parti de ces films qui...

le 7 janv. 2011

47 j'aime

2

Le Livre des Baltimore
Lubrice
10

Critique de Le Livre des Baltimore par Brice B

Publié sur L'homme qui lit : L’ébulition de la rentrée littéraire retombe à peine sur les très ennuyeux prix littéraires, que la sphère culturelle s’agite de nouveau, et qu’un seul nom revient sur...

le 3 oct. 2015

30 j'aime

1

Le vent se lève
Lubrice
8

Critique de Le vent se lève par Brice B

Le film commence par une séquence forte. On assiste, impassibles, à la mort d'un jeune homme de 17 ans, mort sous coups des soldats de la couronne pour avoir refusé de décliner son identité en...

le 7 janv. 2011

25 j'aime