Le livre est court, seulement 50 pages. Il propose de répondre à une question majeure, la place politique des personnes que l'on dénomme habituellement "migrant" à partir d'une vision révolutionnaire des choses. C'est pour ça qu'il évoquera les gilets jaunes dans son livre.


Sa position se base sur l'analyse Marxiste, divisant deux classes et définissant la classe des prolétaires, celle de ceux qui se retrouvent forcés à vendre leurs corps à la bourgeoisie pour survivre. C'est ainsi qu'il décide de voir les migrants. Cette lecture est censée, il nous rappelle qu'en France, c'est le besoin du capitalisme d'état des années 50-70 qui provoque l'immigration, celui-ci avait besoin d'une masse ouvrière et est donc allez chercher des ouvriers en Afrique ou au Portugal par exemple. Il rappelle aussi l'actualité de cette immigration ouvrière en nous rappelant que celle-ci est encore majoritaire dans les taches difficiles : ménages, maçonnerie, restauration etc.


Ce constat est intéressant lorsque l'on adopte une position révolutionnaire. Cette position révolutionnaire implique une certaine définition des masses que le pouvoir attaque. Quand on est anticapitaliste, cette masse c'est le prolétariat et le pouvoir c'est le capitalisme. Or, l'anticapitalisme actuel, oublie parfois que le prolétariat est actuellement composé essentiellement par les gens issus des pays du sud. Que ce soit des personnes qui y habitent encore, ou des personnes qui vivent ici. Ce constat rappelle donc la nécessité de ne plus voir uniquement le "migrant" comme quelqu'un qu'on doit aider de manière humanitaire, mais à le voir en plus comme le camarade de lutte par essence. L'aide humanitaire est louable et nécessaire, mais elle n'est pas suffisante, c'est notre lutte anticapitaliste même, qui doit se baser sur cette évolution de ce qu'est le prolétariat mondial.


Il en tire une critique des gilets jaunes. Suite à une certaine perméabilité qu'ont pu avoir les gilets jaunes aux idées nationalistes, il juge cette masse en lutte comme incapable de trouver une solution pertinente au problème capitaliste. En effet, le prolétariat étant mondialisé, une réponse nationaliste ne protégerait que des intérêts de petits français, mais n'aurait rien de révolutionnaire car elle ne ferait rien pour aider le prolétariat actuel, représenté ici par l'expatrié prolétaire.
Je juge cette réponse juste et compréhensible en un premier temps, car en effet, les gilets jaunes sont perméables au nationalisme et pense parfois, de manière un peu égoïste, qu'à la condition de la classe moyenne-pauvre française. Je suis aussi d'accord avec Badiou, quand il rappelle que compte tenu de ce qu'est actuellement le prolétariat, la défense de la classe moyenne périphérique n'est pas une démarche révolutionnaire sérieuse. Mais, une autre question se pose face à ce constat : n'est-ce pas en intégrant ce mouvement qu'on peut l'épurer de son nationalisme ? N'est-ce pas en discutant politique avec les gilets jaunes qu'on les poussera à changer de position par rapport à celui-ci ? Snober le mouvement ne va t'il pas plutôt créer une opposition des plus tristes entre : 1/ des intellectuels qui feraient le constat juste de la nécessité d'un certain internationalisme et 2/ des masses françaises, qui certes, subissent des politiques injustes, mais qui seraient trop intéressés par leurs anciens privilèges pour être révolutionnaires ? Je ne sais pas.

rorolili
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le 24 mai 2019

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