« Meurtriers sans visage », suivi de « Les chiens de Riga » de Henning MANKELL (Points, 2014) sont les deux premières enquêtes de l’inspecteur Wallander. Il fait froid en Scanie. Mais ce n’est pas le froid du thermomètre qui glace le cœur de l’inspecteur, c’est la cruauté avec laquelle on a écrabouillé le visage de ce vieux paysan et strangulé son épouse à l’aide d’un fil de fer. Pourquoi tant de violence, pourquoi cette cruauté qui révèle un monde déshumanisé ? Avec obstination, Kurt Wallander va remonter le courant de l’histoire pour comprendre…
À première lecture, les romans policiers de Mankell semblent d’une écriture froide, lente et profondément noire. L’esquisse qui apparaît au premier abord, c’est un héros, meneur d’enquêtes, bourru, aux prises avec mille tracasseries dans sa vie intérieure, un ménage qui n’a pas tenu, un père qui se néglige parce qu’il se dit négligé, une fille à la vie complexe, distante et, ce qui n’aide en rien le héros à surnager, une sacrée propension à boire et à ne pas réussir à se doter d’une hygiène de vie un peu stable. Mais au-delà, il y a un homme, un vrai, un être complexe qui, pas à pas, lutte pour que Justice retrouve et confonde les auteurs de ces crimes inhumains.
Alors, dans la noirceur du récit, dans celle de sa vie, on voit poindre chez le héros une raison d’être, une complicité créée avec ses collaborateurs, une volonté partagée de ne pas accepter la situation, de résister, de se dresser et de vivre debout !
Dans ses romans policiers comme dans ses romans qui, par ailleurs, parlent admirablement de l’Afrique, Henning MANKELL dénonce les faiblesses de notre société et peut raviver notre soif d’un peu plus d’humanité dans les relations entre les personnes. Au-delà de l’enquête qui tient en haleine, il y a un espace pour notre propre réflexion sur le monde… Des polars, certes ! Mais à ne pas rejeter pour autant !

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le 11 oct. 2014

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