C’est dans un univers tout à fait contemporain que nous allons plonger, dans les profondeurs du folklore breton, de ses légendes, de ses histoires les plus anciennes, celles dont on ne sait pas vraiment si elles reposent sur des faits réels ou des élucubrations, mais celles dont on n’ose pas réellement parler, de peur qu’elles possèdent malgré tout un fond de vérités et de s’attirer les malheurs qui en découlent. C’est un monde de croyances qui s’ouvre à nous, un monde où les esprits nous côtoient parfois de prêt, où ils viennent nous rendre visite, l’espace de quelques minutes, lorsque le voile entre nos mondes leur permet, venant adoucir le chagrin de leur perte et de temps en temps, nous mettre en garde sur ce qui se passe, sur les choses que nous, humains, ne pouvons pas appréhender. Mais c’est également une plongée au cœur d’un folklore maritime des plus obscur, celui des sirènes, des récits qui font d’elles des créatures aussi fascinantes, que mortelles, de ce qu’elles sont capables de faire lorsque l’Homme ne prend pas bien garde aux interactions qu’il peut avoir avec elles, parce qu’on ne sait jamais ce qui peut découler d’une telle rencontre et des conséquences sur le long terme. C’est dans ce cadre, que nous faisons la connaissance de Nellig, suite à la chute de sa grand-mère, elle vient s’occuper de sa maison, décidant de prendre quelques vacances par la même occasion, mais les souvenirs se font trop douloureux et une présence plane constamment autour d’elle. Je découvre enfin la plume de Rozenn Illiano, je dois dire que je suis immédiatement tombée sous le charme, envoûtante, poétique, elle se révèle assez sombre, mais tellement fascinante, elle nous entraîne dans ses filets avec une aisance extraordinaire, pour nous plonger au cœur de son imaginaire, d’une richesse presque bouleversante. À travers cette novella, ce roman court donc, elle saura pourtant construire un récit à l’univers extrêmement complet, parfaitement travaillé, qui nous immerge littéralement dans une atmosphère terriblement prégnante, dans laquelle nous parvenons presque à ressentir les embruns, l’iode, le vent souffler à nos oreilles. Des sensations qui viennent renforcer notre relation à cette héroïne, qui nous propulsent à travers le drame qui se joue pour elle, le deuil qu’elle n’a pas réussi à faire, qui la hante toujours, mais aussi cet appel qu’elle ressent au plus profond d’elle-même, qui la guide inconsciemment, sans qu’elle n’ait véritablement le choix, si ce n’est d’écouter ces sirènes lugubres.
En bref : Notre-Dame de la Mer, c’est une novella d’une richesse incontestable dans son univers, qui nous immerge au cœur d’un folklore breton fascinant, de ses légendes, de ses mythes, de ceux auxquels on ne veut pas forcément croire, mais dont on ne parle pas pour autant, par superstition, parce qu’on ne sait jamais et qui nous partagera une histoire bouleversante, percutante par ses sujets abordés, aux frontières du fantastique !
Avis complet sur le blog : https://elodit.fr/2024/10/11/notre-dame-de-la-mer-rozenn-illiano/