Comme tout livre d'Alice Miller, celui-ci se lit facilement et nous amène à comprendre des concepts psychanalytiques facilement. Elle n'écrit d'ailleurs pas pour les psychanalystes, mais bien pour un public en quête de réponses quant à des questions souvent soulevées mais néanmoins restées en suspend quelque part, dans l'histoire de tout un chacun.
Car oui, ce livre s'adresse à tous, à l'enfant intérieur qui est en nous et qui n'a pu trouver d'autre issue pour s'exprimer que les maux du corps. Alice Miller nous montre bien combien il est difficile pour l'enfant de vivre ses émotions quand son environnement familial ne le lui permet pas. De plus, ce refoulement des émotions lié à la morale, à la reproduction d'une schéma inscrit depuis plusieurs générations où certains parents se vengent inconsciemment sur leurs enfants des sévices subies dans leur propre enfance, revient de toute façon et souvent par le corps. Freud appelait ce processus le retour du refoulé.
Ce livre fait du bien, il est même thérapeutique je pense, dans le sens où l'on sort de la lecture avec le sentiment de n'être plus seul à avoir vécu ce refoulement émotionnel très tôt. Et d'en parler, pouvoir le dire pour l'accepter et s'autoriser à en vouloir à ses parents, non en tant qu'adulte, mais bien depuis l'enfant qui est en nous, est redoutablement bénéfique pour l'être.
Voici ce que propose d'être Alice Miller : un témoin lucide de la souffrance des enfants enfouis en nous-mêmes. Mais elle relate parfaitement que nombre de thérapeutes (psychanalystes) n'ont pas cette capacité à l'être, car eux-mêmes malheureusement, n'ont pas résolu ce problème de fond, à savoir que l'on a le droit d'en vouloir à ses parents lorsqu'on est enfant. La morale qui voudrait qu'on ne peut qu'aimer ses parents, "car ils ont fait comme ils ont pu, et puis ils avaient finalement de bons côtés", vient verrouiller la possible libération de l'enfant en soi, car ses émotions vécues à l'époque des traumatismes n'ont plus d'issues sinon via le corps.
Bien sûr, elle va bien plus loin que cela dans son analyse...

Budokick
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes 2019 ou la lecture de bons bouquins et De bons livres de psychologie et de psychanalyse...

Créée

le 8 juil. 2019

Critique lue 219 fois

Budokick

Écrit par

Critique lue 219 fois

D'autres avis sur Notre corps ne ment jamais

Notre corps ne ment jamais
Budokick
9

Donner corps aux émotions enfouies

Comme tout livre d'Alice Miller, celui-ci se lit facilement et nous amène à comprendre des concepts psychanalytiques facilement. Elle n'écrit d'ailleurs pas pour les psychanalystes, mais bien pour un...

le 8 juil. 2019

Du même critique

Scum
Budokick
10

Mythique (en un rien de temps)

Premier album de Napalm Death sorti le 1er mai 1987. Outre la fête du travail, ce jour-là était à noter, parce que cet album allait laisser plus qu'une traînée de crasse écumeuse...Avec 28 titres,...

le 10 nov. 2023

9 j'aime

Le Pouvoir du chien
Budokick
9

Jusqu'à la dernière phrase

L'histoire, somme toute un peu banale, dans les années 20 aux US, prend une tournure intéressante quand un homme épouse une veuve. Celle-ci a perdu son premier mari, feu médecin s'étant suicidé à la...

le 12 févr. 2020

8 j'aime

3

Petit traité d'histoire des religions
Budokick
8

Petit mais costaud

Ce livre porte bien son titre, et je pense que pour une introduction aux différentes religions, il est bien fait. La première partie est passionnante, nous faisant voyager dans le temps. L'histoire...

le 23 nov. 2019

8 j'aime

6